Traduction : Résistance 71
Mercredi, le Pentagone a publié sa Stratégie Militaire Nationale (SMN) pour 2015 ( 2015 National Military Strategy,) un plan de 24 pages pour gérer le monde au travers de la force militaire. Bien que le langage du rapport soit plus subtil et moins incendiaire que les documents similaires publiés dans le passé, la détermination de poursuivre unilatéralement les intérêts des États-Unis au moyen d'une extrême violence demeure la pierre angulaire de toute la nouvelle stratégie. Les lecteurs ne trouveront même pas l'ombre d'un remord dans ce rapport pour la vaste destruction et les centaines de milliers de vies humaines perdues par les pays attaquées, pays qui ne posaient absolument aucune menace réelle pour la sécurité nationale des États-Unis. Au lieu de cela, le rapport démontre la résolution froide de ses auteurs et de l'élite pour continuer le carnage et les effusions de sang jusqu'à ce que tous les rivaux potentiels aient été tués ou éliminés et jusqu'à ce que Washington pense qu'il contrôle tous les leviers du pouvoir mondial et qu'il ne puisse plus être défié.
Comme on pouvait s'y attendre, le rapport cache ses intentions hostiles derrière le language trompeur de la "sécurité nationale". Les Etats-Unis n'agressent pas des états qui possèdent de grandes quantités de ressources naturelles. Non. Les Etats-Unis ne font juste "qu'adresser des défis sécuritaires" pour "protéger la patrie" et pour "faire avancer nos intérêts nationaux". Comment quelqu'un pourrait-il trouver quelque chose à redire à cela ? Après tout, les Etats-Unis n'essaient-ils pas d'amener la paix et la démocratie dans ces pays (sauvages) que sont l'Afghanistan, l'Irak, la Libye et maintenant la Syrie ? (NdT : en attendant l'Iran et la Russie...)
Dans la préface du chef d'état major des armées, le général Martin Dempsey tente de préparer le peuple américain à une future guerre sans fin:
"De futurs conflits vont surgir plus rapidement, vont durer plus longtemps et vont se dérouler sur des champs de bataille bien plus techniquement difficiles... Nous devons être prêts à nous adapter rapidement à de nouvelles menaces tout en maintenant un avantage comparatif sur les plus traditionnels... l'application de l'instrument de pouvoir militaire contre des menaces d'état est très différente de l'application du pouvoir militaire contre des menace non étatiques. Nous sommes plus enclins à devoir faire face à des campagnes prolongées qu'à des conflits qui seront résolus rapidement... ce contrôle de l'escalade devient de plus en plus difficile et bien plus important." (Document: 2015 U.S. National Military Strategy, USNI News)
La guerre, la guerre et encore plus de guerre, ceci est la vision du Pentagone pour le futur. A l'encontre de la Russie ou de la Chine qui ont un plan pour une zone de libre-échange entre l'UE et l'Asie (la nouvelle route de la soie), qui améliorera partout l'emploi, améliorera les infrastructures vitales et augmentera les standards de vie de manière générale, les États-Unis, eux, ne voient que mort et destruction sur le chemin du futur. Washington n'a aucune stratégie pour le futur, aucune vision pour un monde meilleur, pour lui il n'y a que la guerre, guerre asymétrique, guerre technologique, guerre préemptive. L'entière classe politique et ses maîtres payeurs soutiennent unanimement la règle mondiale de la force des armes. Ceci est la signification inévitable de ce document, Les États-Unis ont la ferme intention de maintenir leur poigne de plus en plus faiblarde sur le pouvoir mondial en maximisant l'utilisation de leur plus grand avantage : l'armée.
Et qui est dans la ligne de mire de l'armée ? Analysez cet extrait d'un article paru dans la revue Defense News :
(Pentagon Releases National Military Strategy, Defense News)
Avez-vous bien saisi cette dernière partie ?
En d'autres termes, ceci dit qu'aucun de ces pays ne veut se battre avec les États-Unis, mais les États-Unis eux, veulent se battre avec eux. Les USA sentent qu'il est justifié de lancer une guerre contre ces pays parce que, bon, soit ils contrôlent de vastes ressources, ou ont une grande capacité industrielle, occupent une zone du monde d'intérêt géopolitique pour les États-Unis, ou simplement parce qu'ils veulent maintenir leur indépendance et leur souveraineté, ce qui bien évidemment constitue un crime aux yeux de l'empire. D'après Dempsey, toutes ces excuses minces comme un fil sont des justifications suffisantes pour entrer en conflit armé essentiellement parce qu'ils posent "de sérieuses préoccupations sécuritaires" pour les États-Unis, ce qui veut dire qu'ils entament le rôle de domination des USA comme seule super-puissance au monde.
Ce rapport de la défense voue une attention toute particulière à la Russie, l'ennemi du mois de Washington depuis un bail, qui a l'audace de défendre ses intérêts et sa sécurité après un coup d'état fomenté par le ministère des affaires étrangères US en Ukraine voisine. Pour cette insolence, Moscou doit-être puni. Ceci provient du rapport :
La Russie est le mal incarné parce que la Russie a refusé de rester coi tandis que les États-Unis renversaient le gouvernement ukrainien, installaient leurs sbires à Kiev, précipitaient le pays dans une guerre civile entre différentes factions, élevaient les néo-nazis dans des positions de pouvoir dans les forces de sécurité du pays, plongeaient l'économie ukrainienne dans l'insolvabilité et la ruine et ouvraient un QG pour la CIA dans la capitale afin de gérer sur place l'ensemble de la partie de flinguage à gogo. Voilà pourquoi la Russie est le mal incarné et doit-être punie.
Ceci veut-il dire que les USA contemplent sérieusement une guerre avec la Russie ?
Voici un extrait du document qui va clarifier l'affaire :
Il me semble clair que les gugusses de Washington ont déjà pris leur décision. La Russie est l'ennemi, donc, la Russie doit-être vaincue. Comment autrement pourrait-on "contrer un état révisionniste" qui "menace notre patrie" ?
Avec des bombes faucheuses de marguerites bien sûr. Comme tous les autres.
Le rapport du Pentagone nous fait une liste d'emplettes pour justifier le lancement de guerres contre des ennemis imaginaires des États-Unis. Le fait est que le Pentagone voit des nains partout. Que le sujet soit les nouvelles technologies, les "changements démographiques" ou les différences culturelles, tout est vu comme des menaces potentielles pour les intérêts américains, particulièrement tout ce qui a trait "à la concurrence pour les ressources et matières premières". Dans cette vision barjot de la réalité, on peut parfaitement voir comment fut justifiée l'invasion de l'Irak sur la base que Saddam Hussein contrôlant l'Irak (NdT : pourtant mis en place par la CIA et le Pentagone des décennies plus tôt...) et ses réserves très importantes de pétrole, posait un défi direct à l'hégémonie américaine. Naturellement, Saddam se devait d'être viré du pouvoir et plus d'un million d'Irakiens devaient mourir pour arranger l'affaire et remettre le monde dans l'équilibre (hégémonique de Washington). Ceci est la vision primordiale de la stratégie militaire nationale américaine, et donc que tout ce que font les USA est OK parce que... et bien, ce sont les USA.
Les lecteurs ne doivent pas s'attendre à trouver quoi que ce soit de nouveau dans cette nouvelle stratégie. C'est de la piquette dans de vieilles bouteilles. Le Pentagone n'a fait qu'à peine mettre à jour la bonne vieille doctrine Bush tout en adoucissant la rhétorique. Il n'y a pas de raisons de faire flipper tout le monde en parlant d'unilatéralisme, de préemption, de balayer la loi internationale ou d'agression non provoquée. Et même si cela était, tout le monde sait bien que les États-Unis feront exactement ce qu'ils voudront afin de garder leur empire intact.
La Stratégie Militaire Nationale mouture 2015 ne fait que confirmer ce triste constat.
Source trouver:
Sott
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