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samedi 19 juillet 2014

L’Ukraine se prépare à semer la Guerre Civile en Crimée





L'Ukraine se prépare à semer la Guerre Civile en Crimée

Des nouvelles inquiétantes parviennent de la Crimée – 

réunifiée avec la Russie depuis la déclaration d'indépendance de la Presqu'île et le référendum du 16 mars 2014. En effet, les forces ukrainiennes se massent au niveau de l'isthme de Perekop, une bande de terre de 8 km qui est quasiment le seul lien entre la Crimée et l'Ukraine. Des concentrations d'artillerie très significatives ont été relevées et le gouvernement de Kiev vient d'annoncer la mobilisation générale des hommes de 18 à 35 ans dans la province limitrophe de Kherson.
Pareillement, la partie ukrainienne du banc de sable Arbatskaya Strelka (près du village Strelkovoe), qui relie aussi la Crimée à la terre ferme, s'est vu renforcée de troupes et de systèmes lance-roquettes Grad. Du côté politique, Kiev se prépare à fusionner la Crimée – dont il n'a pas le contrôle mais qu'il revendique – à la région de Kherson et multiplie les déclarations va-t-en-guerre. Cela dit, les médias ukrainiens – où règnent en maîtres censure et propagande – annoncent que ces concentrations de troupes ne sont qu'un renforcement de la protection du pays.

Cependant, les forces russes basées en Crimée étant nettement supérieures tant en nombre qu'en qualité, il est peu probable qu'un blitzkrieg ukrainien puisse réussir. En revanche, l'artillerie concentrée peut permettre de tirer sur les 20-30 km les plus proches et espérer faire paniquer la population. L'Ukraine compte surtout sur sa cinquième colonne : les chefs tatares du Mejlis, mécontents d'être écartés par le pouvoir de Crimée et du retard pris sur les engagements au retour des terres confisquées sous Staline, une vieille revendication de la minorité. Certains tatares sont partis se battre aux côtés des milices nationalistes ukrainiennes contre les insurgés russes – ils auraient notamment participé à des exécutions sommaires et des pillages à Mariupol et seraient de fait dans le collimateur de la justice russe. Le grand espoir de Kiev est donc de provoquer une guerre civile en Crimée afin que la Russie ait autre chose à faire que de défendre les russophones du pays.


Détourner l'attention du Donbass

Si le gouvernement de Kiev veut absolument provoquer un conflit en Crimée, c'est qu'il essaie aussi de détourner l'attention du Donbass. Là-bas, les insurgés tiennent, et maintenant qu'ils ont aussi des chars, des installations lance-roquettes et lance-fusées qu'ils ont pris à l'ennemi, le rapport des forces tend à s'inverser. Ils multiplient aussi les diversions et les attaques sur les arrières des forces pro-Kiev (notamment à Kramatorsk et à Slaviansk qu'elles ont récemment reprises) et soutiennent les résistants qui se déclarent un peu partout, notamment à Karkov (sabotages), Odessa (contribution humanitaire ; renseignement ; attaque de postes isolés ukrainiens) ou même à Uzhgorod à l'ouest du pays.

Par ailleurs, si les insurgés ont dernièrement délaissé Slaviansk et Kramatorsk où ils étaient bloqués, c'était pour se replier sur Donetsk et organiser le territoire contrôlé par l'insurrection. Le commandant des forces insurgées de Slaviansk Igor Strelkov (de son vrai nom Guirkin) a mis de l'ordre dans le bazar politique sans nom qui règnait à Donetsk et en quelques jours a organisé la défense de la ville et de la ligne de front, tout en unifiant le commandement et commençant à régler divers problèmes : manque numérique d'insurgés, sous-équipement en artillerie, blindés et munitions, querelles entre chefs de groupes, tentatives de trahisons politiques…

Désormais, les insurgés tiennent fermement la montagne de Saour-Mogila, au sud de leur territoire. Depuis cette colline qui culmine à 277 m, on peut voir la mer d'Azov distante de 90 km. Là-haut, les insurgés ont monté des lance-fusées et pilonnent continuellement les forces ukrainiennes qui tentent de les déborder par le sud et de conquérir Sneznoe et les 90 km de frontière russe tenus par l'insurrection; ils ont d'ailleurs détruit avant-hier une colonne blindée de plusieurs dizaines de véhicules des forces pro-Kiev, et hier une autre encore. A l'est, celle-ci est toujours tenus malgré des combats continuels autour d'Izvarino et de Rovenki. Au nord-est, l'armée de Lugansk (8.500 hommes expérimentés) a pris plusieurs bases militaires dans la ville (dont une usine de produits chimiques) et repoussé les forces pro-Kiev de 10 km. Au nord, tous les ponts sur le Donets ont été dynamités par les insurgés qui se sont repliés sur la rive sud. A l'ouest, outre les attaques dans les arrières ukrainiens sur Slaviansk et Kramatorsk, les insurgés ont pris plusieurs noeuds de communication importants (dont Popasnaia) et tiennent toujours Artemovsk. Au sud-ouest enfin il y a un front urbain continu avec la conurbation Donetsk-Gorlovka, une configuration quasi-semblable à celle de Slaviansk-Kramatorsk et qui est très favorable aux insurgés, qui peuvent s'appuyer sur la densité du tissu urbain et les infrastructures existantes. Donetsk est mis en état de se défendre, plusieurs hameaux et villages des alentours ont été pris et fortifiés par les insurgés qui s'apprêtent maintenanr à organiser l'évacuation d'un maximum de civils vers la Russie. Bref, le Donbass aujourd'hui est plus inexpugnable que jamais.

Détourner l'attention du Donbass permet aussi à Kiev de passer sous silence les crimes de ses propres troupes. Habitations civiles, écoles et hôpitaux bombardés, exécutions sommaires, purges, mobilisation forcée des hommes valides de Slaviansk une fois repris aux insurgés… la liste est longue des prédations, rapines et exactions commises au nom du nationalisme ukrainien. De nombreux civils ont fui vers la Russie, qui accueille maintenant entre 500 et 800.000 ukrainiens, dont plusieurs centaines de milliers arrivés ces dernières semaines. D'autres ont rejoint l'insurrection qui malgré la défection de quelques groupes dans la banlieue ouest de Slaviansk s'est renforcée de 2 à 4000 hommes ces deux dernières semaines; le problème de leur équipement et de leur formation reste cependant entier, quand bien même ils se battent pour leur terre, leurs proches et leurs morts. Désormais, le Donbass est plein de haine, des générations vivront avec l'esprit de vengeance, et quel que soit le vainqueur de cette guerre, le fossé entre le Donbass et l'Ukraine n'est pas près de se combler.


Qui veut faire entrer la Russie dans la guerre ?

Surtout, les bruits de bottes autour de la Crimée sont une nouvelle provocation de l'Ukraine contre la Russie. Sachant que l'Ukraine est soutenue par l'Union Européenne et les Etats-Unis, une guerre entre Russie et Ukraine peut provoquer un emballement rapide par le jeu des alliances, aussi vite qu'une guerre somme toute locale entre serbes et autrichiens avait provoqué la conflagration de la Première Guerre Mondiale.

Ce n'est pas la première fois que l'Ukraine provoque la Russie. En juin, deux blindés ukrainiens s'étaient enfoncés de plusieurs centaines de mètres dans le territoire russe ; les douaniers en avaient démoli un, l'équipage du second n'a pas hésité à braquer son canon sur les russes pour récupérer l'équipage du char hors-service ; il y a eu aussi des avions ukrainiens dans le ciel russe. Plus tard, des hameaux russes ont été touchés par des obus tirés par les forces ukrainiennes ; plusieurs maisons du gros bourg de Donetsk, situé à quelques kilomètres du poste frontière d'Izvarino tenu par les insurgés, ont-elles aussi été détruites. Alors que les provocations continuent en ce début juillet la Russie a adressé un dernier avertissement solennel à Kiev, annonçant qu'elle réagira très énergiquement à la prochaine violation de sa frontière.

Il est vrai que la situation économique des Etats-Unis est catastrophique. La crise de la dette souveraine américaine, voire de l'ensemble de sa dette domestique (particuliers, entreprises, collectivités et Etat) qui dépasse les 60.000 milliards de dollars apparaît imminente, tant la confiance internationale dans le dollar est minée. Les pays asiatiques et la Russie ont d'ailleurs commencé à échanger avec leurs devises nationales plutôt que le dollar sur le marché stratégique du pétrole ; ils vendent aussi peu à peu les obligations d'Etat américaines et retirent leurs fonds de la réserve fédérale (qui est d'ailleurs ni une réserve, ni fédérale). Pour ne pas couler seuls, les Etats-Unis essaient d'amarrer l'UE à leur pays – c'est ce qu'on appelle le Grand Marché Transatlantique ou TAFTA et multiplient les guerres pour sécuriser leur approvisionnement en pétroles conventionnels ou de schistes dont ils sont importateurs net. La seule solution pour régler la crise apparaît maintenant dans une nouvelle guerre mondiale. Mais le retour de bâton – nucléaire – risque d'être terrible.


Carte des hostilités dans le Donbass 




Source: Defense-armee

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