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jeudi 5 septembre 2013

Damas affirme ne pas vouloir céder "même s'il y a une 3ème guerre mondiale"



Un rebelles syrien portant des missiles artisanaux à Rakka, dans le nord de la Syrie. MEZAR MATAR/AFP

ARMES CHIMIQUES La commission des Affaires étrangères du Sénat américain autorise l'usage de la force armée en Syrie.


Le régime syrien mobilise ses alliés comme la Russie et l'Iran face à l'axe mené par les Etats-Unis et la France qui préparent une frappe contre le pouvoir de Damas, a affirmé à l'AFP mercredi le vice-ministre syrien des Affaires étrangères Fayçal Moqdad.

"Les Etats-Unis et leurs alliés mobilisent actuellement leurs alliés en vue d'une agression contre la Syrie. Je pense que, de son côté, la Syrie a le droit de mobiliser ses alliés et que ces derniers lui offrent toutes sortes de soutien", a-t-il dit sans vouloir en donner le détail. La position de la Russie reste "inchangée" à l'égard de son allié syrien, a-t-il poursuivi, ajoutant : "C'est une position responsable (d'un pays) ami qui est en faveur de la paix".

"Si la France veut soutenir el-Qaëda et les Frères musulmans comme elle les a soutenus en Egypte et dans d'autres régions du monde, elle va vers un échec en Syrie", a-t-il poursuit dans cet entretien mené au ministère des Affaires étrangères à Damas.

"Nous n'allons pas donner d'informations sur la manière dont la Syrie va riposter (...) La Syrie a pris toutes les mesures pour riposter à une telle agression", a encore ajouté M. Moqdad. "Le gouvernement syrien ne changera pas de position même s'il y a une troisième guerre mondiale. Aucun Syrien ne peut sacrifier l'indépendance de son pays", a-t-il poursuivi.

"La Syrie, en vertu de la charte de l'ONU, a le droit de riposter à une telle agression qui n'a aucune justification dans le droit international", a-t-il précisé. "Personne ne peut prédire la situation dans la région après le début de cette agression", a prévenu M. Moqdad.
"Quand la guerre commence, on ne peut pas savoir ce qui va se passer une fois que le premier missile s'abat sur la Syrie", a-t-il renchérit.

Moscou veut des "preuves"
Le président russe Vladimir Poutine a, de son côté, exigé mercredi que les Occidentaux présentent à l'ONU des "preuves convaincantes" de l'usage d'armes chimiques par le pouvoir syrien. "Après cela nous sommes prêts à agir le plus résolument et sérieusement possible", a-t-il ajouté, répondant au journaliste qu'il "n'excluait pas" de soutenir une action armée occidentale.
Il a toutefois ajouté que "selon le droit international, seul le Conseil de sécurité de l'ONU peut décider de l'usage des armes contre un Etat souverain. Tout autre prétexte, moyen qui justifierait l'usage de la force vis-à-vis d'un Etat indépendant et souverain sera inacceptable et ne pourra être qualifié que d'agression".

Plus tôt, M. Poutine avait annoncé que Moscou a suspendu ses livraisons de systèmes de missiles S-300 à la Syrie, sans plus de détails.

Le chef de l'Etat russe s'exprimait à la veille du sommet du G20 à Saint-Pétersbourg au cours duquel la crise syrienne devrait dominer les discussions, alors que les Etats-Unis brandissent la menace de frappes sur la Syrie afin de réagir à l'attaque chimique du 21 août près de Damas, dont le régime syrien est selon Washington l'auteur.

Mercredi, le président Obama a réaffirmé que la communauté internationale ne devait pas rester "silencieuse" face à la "barbarie" en Syrie. M. Obama, qui avait parlé en août 2012 de "ligne rouge" à ne pas franchir par le régime syrien, a affirmé que c'était "le monde entier" qui avait fixé de telles limites en adoptant des normes internationales interdisant le recours à des armes chimiques."Ce n'est pas ma crédibilité qui est en cause. La crédibilité de la communauté internationale est en cause, et la crédibilité des Etats-Unis et du Congrès est en cause", a insisté le président.

Pour satisfaire les élus les plus réticents , une nouvelle résolution a été élaborée au Sénat américain limitant toute intervention en Syrie à 60 jours, avec la possibilité d'une extension à 90 jours, et interdisant au président de déployer des soldats américains dans le "but d'opérations de combat" en Syrie. Un vocabulaire qui laisse la possibilité d'opérations pour secourir des pilotes américains, par exemple.

Le texte a été adopté mercredi soir par la commission des Affaires étrangères du Sénat américain par 10 voix contre sept. Il sera transmis en séance plénière au Sénat, qui reprend ses travaux lundi prochain.

A ce titre, le président s'est dit persuadé que le Congrès voterait en faveur d'une telle résolution. "Je pense que le Congrès l'approuvera parce que (...) si la communauté internationale ne parvient pas à faire respecter certaines règles (...) au fil du temps, le monde deviendra un endroit moins sûr", a-t-il plaidé.

Le président a aussi reconnu que l'opinion publique pouvait trouver des similitudes entre la Syrie de 2013 et l'Irak de 2003. "Le souvenir persiste de l'Irak et des accusations d'armes de destruction massive, et les gens sont inquiets de l'exactitude de cette information" sur le recours à des armes chimiques, a-t-il dit.
"Gardez à l'esprit que je me suis opposé à la guerre en Irak. Et cela ne m'intéresse pas de répéter les erreurs du passé en fondant des décisions sur des renseignements incorrects", a-t-il assuré.

Le secrétaire d'État John Kerry et le chef du Pentagone Chuck Hagel ont défendu mardi devant la commission des Affaires étrangères du Sénat la décision de principe annoncée samedi par le président Barack Obama : procéder à des frappes "limitées" punitives sur la Syrie, mais pas avant d'avoir obtenu un feu vert du Congrès.


"C'est la première fois que nous sommes attaqués"
Sur le terrain, des rebelles islamistes se sont emparés mercredi d'un poste militaire à l'entrée de la ville chrétienne de Maaloula, au nord de Damas, a affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Les jihadistes du Front al-Nosra et des rebelles islamistes ont attaqué mercredi matin un barrage du régime à l'entrée de Maaloula, tuant huit soldats", a affirmé l'OSDH. "Un véhicule conduit par un kamikaze a explosé devant le barrage donnant le signal de l'attaque", a ajouté cette organisation qui s'appuie sur large réseau de militants à travers le pays.
L'OSDH a précisé que l'aviation avait bombardé à trois reprises le barrage pris par les rebelles islamistes.

Un vidéo postée par les rebelles sur internet (ci-dessous) montre des insurgés parlant dans des talkiewalkies alors que le caméraman clame "Allah Akbar. Libération du barrage de Maaloula". La caméra montre des corps gisant sur la chaussée.


Une habitante jointe par téléphone au monastère de Mar Takla, qui n'a pas voulu être identifiée, a affirmé que les jihadistes d'"al-Nosra tirent sur la ville depuis 06H00 (03H00 GMT) avec des obus, des mitrailleuses anti-aérienne et les projectiles ont atteint le centre-ville". "C'est la première fois que nous sommes attaqués", a-t-elle ajouté.

Maaloula, qui se trouve à 55 km au nord de Damas, est l'un des plus célèbres villages chrétiens de Syrie et ses habitants parlent l'araméen, la langue de Jésus-Christ. Le village doit sa renommée à ses refuges troglodytiques datant des premiers siècles du christianisme. La majorité des chrétiens sont grecs-catholiques.

L'attaque intervient quelques jours avant la fête de l'Exaltation de la Croix, célébrée chaque année le 14 septembre. Le village abrite aussi le monastère grec orthodoxe de Mar Takla, construit autour de la grotte et du tombeau de Sainte-Thècle fêtée le 24 septembre.

Par ailleurs, la quasi totalité de la Syrie a été privée mercredi de courant à la suite d'un attentat contre une ligne de haute tension dans le centre du pays, a affirmé le ministre de l'Électricité, Imad Khamis.
Le ministre a promis que le courant serait rétabli progressivement "dans les prochaines heures".


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