Entre le 1er octobre 2008 et le 1er octobre 2012 la Commission Européenne a autorisé 5 058,9 milliards d’euros d’aide des états de l’Union au secteur financier. Contre 82,9 milliards pour l’industrie et les services. Pour quel résultat ?
S’il existait encore un doute, il est totalement dissipé depuis la publication du tableau de bord des Aides d’Etat de la Commission Européenne, le 21 décembre dernier.
Ce sont bien entendu les banques qui raflent la mise :
Entre le 1er octobre 2008 et le 1er octobre 2012, la Commission Européenne a en effet autorisé les 27 états de l’Union à aider le secteur financier européen à hauteur de 5 058,9 milliards d’euros (40,3% du PIB de l’Union !).
On devrait même être reconnaissant envers la profession, dont plus personne ne conteste la responsabilité principale dans la crise qui perdure, de n’avoir utilisé entre 2008 et 2011, période sur laquelle, à Bruxelles on est à peu près sûr des chiffres, que 1 615,9 milliards d’euros, y compris l’aide à la recapitalisation de la Northern Rock décidée fin 2007.
La répartition du pactole n’est pas triste non plus :
- 1 174 milliards d’euros destinés à soutenir la fameuse « liquidité » de ces malheureuses banques confrontées à un assèchement du marché inter-bancaire. Phénomène qui, comme nous l’avons déjà affirmé dans ces colonnes, dissimulait mal la défiance des banksters entre eux, et les doutes sur la sincérité des bilans qu’ils présentaient aux autorités de régulation et de contrôle,
- 442 ( !) milliards d’euros pour maintenir artificiellement en vie les établissements qui auraient normalement du jeter l’éponge faute de solvabilité.
On a senti les signataires du communiqué du 21 décembre résumant le tableau de bord, un peu gênés aux entournures lorsqu'il s'est agi d'annoncer la couleur ("...Les turbulences sur les marchés financiers qui se sont poursuivies en 2011, ont été déclenchées par la crise financière de 2008 et ont nécessité la mise en place de vastes moyens d'intervention par les gouvernements européens en vue de limiter les effets néfastes de ce choc. Il était crucial d'accorder des aides d'Etat aux établissements financiers pour restaurer la confiance dans le secteur financier et éviter une crise systémique. Au vu de la crise de la dette souveraine au cours de l'été, les Etats membres et la Commission ont arrêté un train de mesures destiné à renforcer les fonds propres des banques et à garantir les passifs bancaires....")
D’autant qu’il a bien fallu révéler aussi le montant des aides accordés dans le même temps à « l’économie réelle » c’est à dire à l’industrie et aux services. Lesquels se sont contentés des 82,9 milliards d'euros ; 13% du PIB de l’Union d’un côté contre 0,65% de l’autre ; cherchez l’erreur !
Too big to fail se traduit dans toutes les langues
Sans doute par coquetterie ou gagnés par un brusque excès de timidité, les auteurs ont omis de rappeler que les aides en faveur du secteur financier ne tiennent compte ni des tournées gratuites dont les banques européennes ont bénéficié à plusieurs reprises au comptoir de la BCE, ni des fonds tout aussi généreusement mis à leur disposition par l’Oncle Sam dans le cadre du programme TARP…
Le diable se cache dans les détails, c’est bien connu ; dans le cas d’espèce, derrière la nationalité des plus gros bénéficiaires de la manne européenne.
Comme l’on pouvait s’y attendre, ce sont les banques britanniques, lesquelles ont transformé la City en un immense casino, qui se sont taillées la part du lion avec 19% du total. Ceci explique sans doute cela. Suivent ex æquo les irlandaises et – surprise surprise -les allemandes, auxquelles leur gouvernement respectif leur ont versé 16% de l’aide totale européenne.
Le contribuable européen, généreux mécène
Outre la langue de bois de circonstance qu’on y relève, le tableau de bord de la Commission pêche par défaut sur un point essentiel : il se garde bien de préciser que les contribuables de l’Union n’ont en vérité pas casqué pour le sauvetage des banques proprement dites mais pour les investisseurs qui en avaient fait leurs cibles, qu’ils en soient actionnaires, porteurs d’obligations, contrepartie ou spéculateurs en tous genres.
Que les états européens protègent les dépôts bancaires de leurs citoyens est une chose qui peut se justifier. Qu’ils institutionnalisent la socialisation des pertes réalisées par des banksters ayant pris, au mieux des risques insensés, au pire ayant adopté la fraude systématique comme business-model avec l’accord implicite d’investisseurs faisant preuve d’une cupidité sans borne, est une autre paire de manches…
Ironie du calendrier, alors que les experts de la Commission vérifiaient une dernière fois la fiabilité des chiffres du tableau de bord, les dirigeants de la banque HSBC dont on ne sait plus si elle est britannique, asiatique ou plus simplement apatride, passaient un sale quart d’heure devant la Sous-Commission Permanente des Investigations du Sénat américain.
Son « Chief Compliance Officer », (en français : patron de la « conformité ») un certain David Bagley qui officiait à ce poste depuis 2002, a d’ailleurs saisi l’occasion de son audition par les sénateurs le 17 juillet 2012 pour présenter sa démission.
HSBC, bankster transatlantique
Non sans raison : les rapporteurs sénatoriaux US ont relevé une méconnaissance délibérée des dispositions relatives à la lutte contre le blanchiment qui s’est notamment traduite depuis 2007 par 60 trillions de dollars de virements non contrôlés, 17 000 messages d’alerte jamais exploités, par la remises physique en cash sur des comptes tenus à HSBC-USA de près 7 milliards de dollars en provenance de la filiale mexicaine de la banque, par 25 000 transactions représentant un montant total de 19,4 milliards de dollars originaires de donneurs d'ordre d’Iran et d’Arabie Saoudite jamais identifiés, par l’encaissement de 290 millions de dollars de chèques de voyage émis par une banque japonaise au profit de négociants russes « en véhicules d’occasion » et, de manière presque anecdotique, l’ouverture de 2 000 comptes à des sociétés dont les actions étaient émises « au porteur ». Et les actionnaires, inconnus par voie de conséquence...
On a senti les signataires du communiqué du 21 décembre résumant le tableau de bord, un peu gênés aux entournures lorsqu'il s'est agi d'annoncer la couleur ("...Les turbulences sur les marchés financiers qui se sont poursuivies en 2011, ont été déclenchées par la crise financière de 2008 et ont nécessité la mise en place de vastes moyens d'intervention par les gouvernements européens en vue de limiter les effets néfastes de ce choc. Il était crucial d'accorder des aides d'Etat aux établissements financiers pour restaurer la confiance dans le secteur financier et éviter une crise systémique. Au vu de la crise de la dette souveraine au cours de l'été, les Etats membres et la Commission ont arrêté un train de mesures destiné à renforcer les fonds propres des banques et à garantir les passifs bancaires....")
D’autant qu’il a bien fallu révéler aussi le montant des aides accordés dans le même temps à « l’économie réelle » c’est à dire à l’industrie et aux services. Lesquels se sont contentés des 82,9 milliards d'euros ; 13% du PIB de l’Union d’un côté contre 0,65% de l’autre ; cherchez l’erreur !
Too big to fail se traduit dans toutes les langues
Sans doute par coquetterie ou gagnés par un brusque excès de timidité, les auteurs ont omis de rappeler que les aides en faveur du secteur financier ne tiennent compte ni des tournées gratuites dont les banques européennes ont bénéficié à plusieurs reprises au comptoir de la BCE, ni des fonds tout aussi généreusement mis à leur disposition par l’Oncle Sam dans le cadre du programme TARP…
Le diable se cache dans les détails, c’est bien connu ; dans le cas d’espèce, derrière la nationalité des plus gros bénéficiaires de la manne européenne.
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