Un groupe d'experts internationaux alarme sur les effets des pesticides tant sur les écosystèmes que sur la production alimentaire elle même. En nuisant à l'ensemble de la biodiversité, les néonicotinoïdes tuent la terre et menacent les récoltes.
Introduits en France au milieu des années 1990, les insecticides néonicotinoïdes représentent 40 % du marché des intrants à usage agricole. Pour comprendre les effets de ces produits sur les écosystèmes, une cinquantaine de scientifiques de quinze nationalités différentes ont travaillé ensemble, pendant cinq ans, et ont analysé plus de 800 études publiées au cours de ces vingt dernières années.
Et si le déclin des abeilles lié à l’usage irraisonné des pesticides n’était que la partie immergée de l’iceberg ? Mardi 24 juin, un groupe d’experts internationaux a rendu public les résultats de cinq années d’analyses portant sur l’impact des pesticides néonicotinoïdes sur les écosystèmes. Paru dans la revue Environmetal Science and Pollution Research, le rapport rappelle les effets désastreux des néonicotinoïdes sur les colonies d’abeilles, mais pas seulement.
Les experts tirent la sonnette d’alarme : ces produits phytosanitaires nuisent à l’ensemble de la biodiversité et menacent la production agricole. «Nous pouvons à présent clairement voir que les [néonicotinoïdes] représentent un risque pour les fonctions et services écosystémiques qui va bien au-delà des inquiétudes afférentes à une espèce [les abeilles, ndlr] et qui mérite vraiment d’être porté à l’attention des gouvernements et des instances de réglementation» explique Maarten Bijleveld ven Lexmond, à l’origine du groupement de chercheurs.
« L'utilisation des pesticides met en péril la production alimentaire »
Les sept volets de leur vaste synthèse portent sur les effets directs et indirects des néonicotinoïdes sur la biodiversité et la production agricole. « Loin de sécuriser la production alimentaire, l'utilisation des néonicotinoïdes met en péril les pollinisateurs qui la rendent possible. » s’inquiète Jean-Marc Bonmatin, chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) sur le site du quotidien Le Monde. Autres victimes des pesticides, les micro-organismes et les invertébrés vivant dans le sol. C’est le cas des vers de terre qui sont exposés à des niveaux élevés. Un véritable danger pour l'environnement et les cultures alimentaires lorsque l’on sait que les vers assurent l’aération du sol, dépolluent la terre et en maintiennent la fertilité.
91 % des échantillons de sol contaminés
Le bilan ne s’arrête pas là. Les oiseaux, pour ne citer qu’eux, sont aussi impactés, contaminés par les graines qu’ils ingèrent et souffrant du déclin des insectes dont ils se nourrissent. Pulvérisés sur les plantations, utilisés en traitement des sols ou pour enrober les semences, les insecticides menacent les espèces animales et végétales, quel que soit le milieu dans lequel elles évoluent.
Avec jusqu’à plus de 90 % non absorbés par les cultures, les pesticides s’accumulent dans la terre, se dissolvent dans l’eau et migrent d’une zone à l’autre. Des sites non traités sont contaminés. Le rapport parle par exemple de 91 % des échantillons de sol contaminés à l’imidaclopride, un insecticide, quand seulement 15 % provenaient d’une zone traitée.
Le groupe d’experts appellent à une mobilisation des autorités sanitaires pour une action globale, afin d’enrayer la dégradation des écosystèmes et de pérenniser une production alimentaire aujourd’hui menacée.
Source © Manon Laplace / bio a la une
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Pour bien comprendre l'impact et la nocivité des pesticides, voyez ces vidéos :
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