Depuis 1954, dans le plus grand secret, un groupe d’hommes parmi les plus puissants du monde se réunit. C’est la réunion de tous les fantasmes... Que font-ils ? Que décident-ils ? Pourquoi autant de mystères ? Est-ce un Davos bis plus secret ? De quoi exciter sérieusement les amateurs de théories de la conspiration. Ces "Maîtres du monde" sont-ils dangereux pour nos démocraties ?
Depuis 2008, on en sait un peu plus (1). Chaque année, depuis 1954, une réunion rassemble environ 120 milliardaires, banquiers, hommes politiques, industriels, universitaires, haut fonctionnaires, personnalités d’influence dans le monde du travail et de l’éducation et journalistes, quelque part en Amérique du Nord ou en Europe, afin de discuter en privé des affaires du monde.
Selon l’historienne Chloé Maurel (2), le groupe Bilderberg, dont les réunions et décisions sont très confidentielles et ne sont absolument pas médiatisées, prend des décisions politiques et économiques importantes, dans l’opacité totale et sans aucun contrôle démocratique.
Lors d’une interview accordée au journaliste Jon Ronson du quotidien britannique The guardian, Lord Denis Healey, ancien secrétaire d’Etat à la Défense britannique (de 1964 à 1970) et l’un des fondateurs du groupe Bilderberg lui a dit : "certains d’entre nous dans le Bilderberg ont pensé que nous ne pouvions pas continuer pour toujours à nous combattre les uns et les autres pour rien et tuer des personnes et faire des millions de sans abri. Donc nous avons pensé qu’une seule communauté de par le monde serait une bonne chose…. Dire que nous agissons pour un gouvernement mondial unique est exagéré, mais pas complètement infondé..."
En 2009, la réunion du groupe Bilderberg se déroulait en Grèce Le groupe a étudié deux options possibles (3) concernant la crise économique actuelle :
1. soit une dépression prolongée, agonisante, condamnant le monde à la stagnation, le déclin, la pauvreté.
2. soit une dépression intense mais plus courte qui ouvre la voie à un nouvel ordre économique mondial durable, avec moins de souveraineté mais plus d’efficacité.
Pour 2011, la réunion s’est tenue à Saint-Moritz en Suisse, du 9 au 12 juin.
Comme lors des éditions précédentes, les détracteurs de Bilderberg accusent la presse grand public de passer sous silence un club qui selon eux dirige un gouvernement secret. Mais, le problème réside justement dans ce culte du secret que développent les participants. Et la presse a le plus grand mal à obtenir des informations. Tout juste connaissons-nous la liste des quelques 130 participants présents.
Voici le début d’une liste de participants pour 2011 (4) :
- Pascal Lamy, directeur général de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce), ex commissaire européen chargé du Commerce,
- Robert Zoellick, président de la Banque Mondiale,
- James Wolfensohn, président de Wolfensohn & Company, ex président de la Banque Mondiale,
- Jean-Claude Trichet, président de la Banque Centrale Européenne,
- Joaquín Almunia, vice-président de la Commission Européenne,
- Neelie Kroes, vice-présidente de la Commission Européenne,
- Herman van Rompuy, président de l’Europe (président du Conseil Européen),
- Javier Solana, ex secrétaire général de l’OTAN, président du think tank Center for Global Economy and Geopolitics,
- Mario Draghi (5)
- Josette Sheeran, directrice exécutive du programme alimentaire mondial des Nations Unies,
- Ying Fu, vice-ministre des Affaires étrangères chinois,
- Kenneth M. Jacobs, président de la banque Lazard,
- Nicolas Baverez, membre du comité directeur de l’Institut Montaigne (think tank libéral), avocat, éditorialiste au Point, membre du "comité d’éthique" du MEDEF,
- Thierry de Montbrial, président de l’IFRI (think tank libéral, équivalent français du CFR américain),
- Giulio Tremonti, ministre des finances italien,
- George Papaconstantinou, ministre des finances grecque,
- Mario Monti (6) ... et bien sûr l’incontournable David Rockefeller (7), ex président de la Chase Manhattan Bank, co-fondateur du Groupe de Bilderberg et de la Commission Trilatérale, ex président du Council on Foreign Relation (CFR).
L’arrivée de Mario Draghi à la BCE, celle de Mario Monti à la tête de l’Italie et celle non moins étonnante du grec Lucas Papademos comme premier ministre de son pays soulèvent tout de même de nombreuses questions. Car ces 3 hommes ont au moins 3 points communs :
1. Ils sont tous les 3 des ex dirigeants/conseillés/proches de la banque Goldman Sachs (reconnue responsable entre autre des subprimes et du maquillage des comptes grecs).
2. Ils n’ont pas été élus.
3. ils font partie du Groupe de Bilderberg.
Le cas de Lucas Papademos est encore plus parlant. Il a occupé les fonctions de gouverneur de la Banque de Grèce entre 1994 et 2002, période pendant laquelle les comptes de la Grèce ont été manipulés avec l’aide de la banque Goldman Sachs pour permettre à la Grèce de rentrer dans la zone euros alors qu’elle n’en avait visiblement pas encore les moyens. C’est un peu comme si des pyromanes devenaient les patrons d’une caserne de pompiers...
(1) Le Groupe de Bilderberg a été fondé en 1954 à l’Hôtel Bilderberg à Osterbeek à l’invitation du Prince Bernhard des Pays-Bas (*), co-fondateur du Groupe avec David Rockefeller et Peter Sutherland(**). Le Groupe de Bilderberg est sans doute le plus puissant des réseaux d’influence. Les discussions se tiennent à huis-clos et rien ne doit filtrer des discussions. Il est interdit de prendre des notes ou de faire des déclarations à la presse. Mais quelques photographes arrivent parfois à prendre des photos à l’extérieur, au moment de l’arrivée des invités. Ce fut le cas en 2003, la réunion avait lieu en France du 15 au 18 Mai, au château de Versailles qui a été fermé au public pendant une semaine. Le Groupe de Bilderberg - Photos de la réunion 2003 au château de Versailles avec liste des participants (en bas de page)
(*) Le Prince Bernhard des Pays-Bas (né en 1911 Prince Bernhard Leopold zur Lippe Biesterfeld de nationalité allemande) a adhèré au NSDAP (Parti nazi) en 1933, puis le quitte le 9 septembre 1936 pour pouvoir épouser la princesse Juliana (future reine des Pays-Bas), le 7 janvier 1937. Il n’a jamais renié cet engagement. Il est mort en 2004.
(**) Peter Sutherland a été Commissaire pour la Politique de Compétitivité de l’UE en 1985. A la fin de son mandat, il a rejoint le bureau de direction de la Cie pétrochimique British Petroleum (BP) dont il devient le président en 1997. En 1992, alors qu’il était en poste à BP, il devient le président d’un comité qui rapporte à la Commission Européenne le fonctionnement du « Marché Interne » de l’UE. En 1995, il devient le directeur-général de l’OMC. En sus d’être président de BP, il est en même temps président de Goldman Sachs International. En 2007, alors qu’il est toujours président de BP, il est aussi conseiller sur les problèmes d’énergie et de changement climatique à la Commission Européenne. Il est également membre du Groupe Bilderberg et de la Commission Trilatérale financée par Rockefeller.
(2) Chloé Maurel est historienne et spécialiste de l’histoire des Nations Unies. Elle est chargée de cours à l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. Lire un de ses ouvrages : "Dossiers d’histoire des relations internationales au XXe siècle" - Editions Ellipses - collection Optimum - Paris.
(3) Cette information provient du journaliste canadien qui vit en Espagne, Daniel Estulin. Il a écrit un livre publié en 2005, "Bilderberg Club – The Rulers of the World" sur la dépression mondiale. Il suit de très près les rencontres Bilderberg depuis très longtemps.
(4) La liste presque complète des participants au Bilderberg 2011
(5) Mario Draghi a été, de 2002 à 2005, vice-président de la branche européenne de la banque d’affaires américaine Goldman Sachs. Cette fonction prête à polémique quant à un éventuel conflit d’intérêt : contre rémunération, la banque d’affaires a notamment aidé la Grèce à dissimuler son déficit public via un procédé considéré comme relevant de l’inventivité comptable. Il est à noter que Mario Draghi a nié toute implication dans l’affaire.
(6) Mario Monti est commissaire européen au Marché intérieur, des Services, des Douanes et de la Fiscalité, à partir de 1995. Il est commissaire européen à la Concurrence en 1999. Il est conseiller international de Goldman Sachs à partir de 2005. Il est chef du gouvernement italien depuis novembre 2011.
Loi1901
(7) David Rockefeller déclarait à Newsweek international en 1999 : "Quelque chose doit remplacer les gouvernements, et le pouvoir privé me semble l’entité adéquate pour le faire. La souveraineté supranationale d’une élite intellectuelle et de banquiers est préférable au principe d’autodétermination des peuples."
Source trouver:
Endettementdesnations
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