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jeudi 4 octobre 2012

De violents heurts ont éclaté mercredi au coeur de Téhéran, après la chute spectaculaire de la monnaie iranienne (vidéo des manifestations)


* Les sanctions économiques imposées à l'Iran sont dévastatrices pour la population qui n'arrive plus à se fournir en produits de base.  

Trop, c'est trop. La spectaculaire chute de la monnaie iranienne, qui a perdu 40 % de sa valeur en à peine une semaine, a provoqué mercredi des manifestations populaires à Téhéran, les premières du genre dans le pays depuis un an et demi. "Ahmadinejad, le traître, tu as ruiné le pays", scandaient, d'après des vidéos, des dizaines de personnes sur l'avenue Ferdowsi, au centre-ville de Téhéran, où des bennes à ordures ont été incendiées, dégageant une épaisse fumée noire. "Laisse la Syrie tranquille et pense un peu à nous !" criaient d'autres mécontents, place Imam Khomeiny. 

"À travers la Syrie, ce n'est pas qu'Ahmadinejad, mais le régime entier, en premier lieu duquel le guide suprême, et les brigades al-Qods qui sont critiqués pour leur soutien indéfectible à la Syrie", remarque la sociologue Azadeh Kian*. Des slogans qui, mot pour mot, sont ceux scandés en 2009 contre la réélection contestée de Mahmud Ahmadinejad à la présidence. À l'époque, c'était l'aide financière apportée aux Palestiniens qui était visée. Cette fois, les manifestants ne sont plus des étudiants et des classes moyennes, mais des marchands "bazari" (du bazar, NDLR) et des couches plus populaires.

Chasse aux revendeurs de dollars

Des pierres sont maintenant jetées contre une voiture de la police. Les forces de l'ordre répliquent à coups de gaz lacrymogène, raconte Reuters. Des centaines de policiers sont déployés avenue Ferdowsi pour y interpeller les marchands illégaux de dollars. Depuis lundi, les Iraniens se précipitent sur ces vendeurs à la sauvette pour convertir leur argent en dollars, de peur de voir fondre leur épargne. L'embargo européen sur les achats de pétrole iranien, additionné aux sanctions frappant déjà les secteurs bancaires et nucléaires du pays, a provoqué l'effondrement des exportations de pétrole iranien, qui assurent au gouvernement près de 85 % de ses recettes en devises étrangères. 

Des pertes qui vident le stock de la Banque centrale iranienne (BCI), censée injecter les devises sur le marché afin de maintenir l'équilibre de la monnaie iranienne. La crise est d'autant plus grave qu'elle est venue se greffer sur une inflation déjà galopante. Si le taux officiel est fixé à 23,5 %, le chiffre réel serait en réalité au moins deux fois plus élevé. En un an, le prix des denrées alimentaires, majoritairement exportées depuis l'étranger, a été multiplié par deux. Le gouvernement a bien fixé le taux officiel du dollar à 12 260 rials, rien n'y a fait. Face au manque de liquidités s'est développée dans le pays une véritable économie parallèle, comme au temps de la guerre Iran-Irak. 

Comme en 1979 ?

Mardi, le billet vert s'arrachait au marché noir jusqu'à 36 000 rials : un record historique. Pour éteindre l'incendie, le gouvernement a dernièrement mis en place des "centres d'échange", censés fournir prioritairement les importateurs de produits de première nécessité à un taux préférentiel. Or, cette mesure n'a fait en réalité qu'accentuer la panique au sein d'une population qui ne croit plus aux promesses gouvernementales d'une amélioration rapide de la situation. Le coup le plus dur infligé au régime reste sans doute la fermeture durant la journée de mercredi du bazar, l'un des poumons économiques du régime.

"Nous avons fermé parce que nous ne savons pas ce qui va se passer" avec le dollar, a indiqué à l'AFP un marchand de l'artère téhéranaise, traditionnellement proche du clergé chiite iranien. "Le même produit peut changer de prix en une heure", regrette un autre commerçant interrogé par Reuters. En 1979, l'implication des bazari dans la révolution islamique a précipité le renversement du shah d'Iran. Un tel scénario serait-il sur le point de se reproduire ? Sans aller jusqu'à cette extrémité, Azadeh Kian note que la situation du jour est "inédite" depuis la révolution de 1979. "Le mécontentement, déjà visible au sein d'autres groupes sociaux, touche désormais les classes plus populaires, note la sociologue. Or, les caisses de l'État se vidant, le gouvernement n'aura plus les moyens de payer la répression."

Source trouver:
Conscience-du-peuple

1 commentaire:

  1. Si certains avaient besoin d'une explication concrète à la "crise", et bien la voici. Ce n'est pas une crise mais bien une guerre économique qu'on peut faire gentiment à des milliers de km, en passant des ordres massifs via des algorithmes hyper rapides (la nanoseconde). Affaiblir financièrement un état en spéculant contre sa monnaie ou ses forces de production, c'est devenu le nec plus ultra en matière de guerre moderne. Et une fois que l'état en question est bien lessivé on lui propose de l'aide en l'échange de tout ce qu'on désire en faisant de la planche à billet pour obtenir de la liquidité. Le même scénario que pour nous en Europe. Réveillez vous. Des problèmes il y en a partout. Fondamentalisme religieux, exploitation des peuples, guerres intéressées. Mais ce que font les USA depuis 2008, avec leur 14000 milliards de dette est de loin ce qu'il y a de plus dangereux. On pourrait imaginer également que les attaques spéculatives nous viennent des Emirats Arabes ou du Qatar. A voir les rachats massifs de patrimoine français, on pourrait imaginer qu'ils ont un intérêt à ce que ça s'écroule. Nonobstant cette hypothèse, c'est évidement dans l'intérêt des USA de nous avoir mis dedans (comprendre nous faire payer leur dette), et se proposer en sauveur en échange de changements massifs pro libéraux. Le discours de Bruxelles est bien celui-là, et cette ratification de traité une erreur insupportable dont l'Histoire se souviendra...

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