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mardi 16 juin 2015

Un sondage révèle une forte opposition en Europe à la campagne de guerre contre la Russie


ImageLes résultats d'un sondage publié par le « Pew Research Center » à Washington, qui montrent une large opposition en Europe à une guerre de l'OTAN avec la Russie, mettent en évidence le caractère antidémocratique de la campagne américaine de guerre contre ce pays. 

Le sondage visait à obtenir des réponses aussi favorables que possible à la politique des États-Unis et de l'OTAN, en particulier sur une éventuelle guerre avec la Russie. Le questionnaire ne soulevait pas du tout que la Russie et l'OTAN avaient des armes nucléaires ni ne demandait aux répondants s'ils étaient prêts à risquer une guerre nucléaire. Le sondage sous-estime donc grandement l'opposition publique à la guerre. 

La question principale sur la guerre demandait si les États membres de l'OTAN devaient faire une guerre défensive contre la Russie, si la Russie « entrait dans un conflit militaire grave avec un de ses voisins qui est notre allié de l'OTAN. » Dans une telle situation, l'Article 5 de la charte de l'OTAN sur la légitime défense collective obligerait tous les États membres à déclarer la guerre à la Russie. 

Malgré une question formulée pour obtenir un soutien pour une telle guerre prétendument défensive, le sondage a trouvé une large opposition chez les Européens. 58 pour cent des Allemands, 53 pour cent de la population française et 51 pour cent des Italiens sont contre une guerre même défensive avec la Russie pour protéger un membre de l'OTAN. 

Ce n'est cependant pas le caractère de la guerre qui menace. L'OTAN ne joue pas un rôle défensif en Ukraine, qui n'est pas membre de l'OTAN. La crise ukrainienne a éclaté après que les États-Unis et les pouvoirs européens ont soutenu un putsch fasciste dirigé contre un gouvernement prorusse à Kiev en février 2014. Ce putsch a porté au pouvoir un régime d'extrême-droite qui a lancé une guerre civile contre les zones prorusses dans l'est de l'Ukraine. Les unités de missiles américaines et russes étant en état d'alerte accrue et les forces aériennes, navales et terrestres de l'OTAN engagées dans des exercices permanents sur la frontière russe, le monde est au bord d'une guerre catastrophique due à Washington et à ses alliés européens. 

Le sentiment populaire a été le plus net là où le sondage Pew enquêtait sur les initiatives que l'OTAN menace de poursuivre en Ukraine. Les répondants ont été interrogés sur l'armement par l'OTAN du régime de Kiev contre la Russie, politique poussée par l'administration Obama. Des majorités ou des pluralités se sont opposées à cette mesure dans tous les pays européens étudiés, sauf la Pologne, où 50 pour cent ont soutenu un armement de Kiev. 

77 pour cent des Allemands s'opposaient à ce que l'OTAN arme Kiev, contre seulement 19 pour cent pour. En Italie, 65 pour cent y étaient opposés contre 22 pour cent pour; 66 contre 25 pour cent en Espagne; 59 contre 40 pour cent en France et 45 contre 42 pour cent en Grande-Bretagne. 

L'opposition a été particulièrement forte en Allemagne où le gouvernement, les médias et des milieux universitaires mènent une campagne de propagande incessante en faveur du militarisme. Seuls 38 pour cent des Allemands ont dit que la Russie était un danger pour les États membres de l'OTAN à ses frontières, et seulement 29 pour cent ont blâmé Moscou pour la violence en Ukraine. 

Ces résultats constituent une condamnation sans appel du putsch de l'an dernier à Kiev et de la campagne américaine de guerre contre la Russie qui l'a suivi, toutes deux soutenues par les gouvernements de toute l'Europe. Alors qu'on cache aux travailleurs le véritable danger d'une guerre qu'ils ne veulent pas, l'OTAN poursuit de plus belle sa politique irresponsable massivement rejetée par la population européenne. 

Les résultats du sondage Pew chez les Ukrainiens démasque la prétention de Washington et des pays impérialistes européens qu'ils soutiennent l'Ukraine contre la Russie pour défendre un régime démocratique naissant menacé par l'agression russe. Le régime de Kiev impose des mesures d'austérité brutales exigées par les banques occidentales avec des moyens de plus en plus autoritaires et violents pour réprimer l'opposition interne des travailleurs ukrainiens. 

La guerre de Kiev contre les séparatistes russes en Ukraine orientale, soutenue par la CIA et diverses milices fascistes, se fait en violation flagrante de la volonté du peuple ukrainien. Selon le sondage, le nombre d'Ukrainiens voulant régler le conflit avec les séparatistes par des négociations (47 pour cent) est le double de ceux qui préconisent la force (23 pour cent). 

La politique du président ukrainien Petro Porochenko sur ces questions est largement impopulaire ; 57 pour cent de la population est à la fois contre sa gestion du conflit avec l'Ukraine orientale et son attitude envers la Russie. 

La politique domestique du régime de Kiev n'est pas moins impopulaire. Le taux de désapprobation du premier ministre Arseni Iatseniouk est de 60 pour cent. 

Étant donné que la monnaie ukrainienne est en train de s'effondrer, qu'il y a des licenciements de masse et que le gouvernement augmente fortement les prix de services publics essentiels, le sondage Pew montre que 94 pour cent des gens considèrent la situation économique de l'Ukraine comme « mauvaise ». 55 pour cent des Ukrainiens concluent que le régime de Kiev ne respecte pas les libertés individuelles. 

Le sondage a aussi interrogé des répondants russes et a trouvé une forte et soudaine méfiance à l'égard de l'OTAN, vue comme une menace par 81 pour cent, ainsi qu'une hostilité générale envers Obama (86 pour cent négatifs) et la chancelière allemande Angela Merkel (66 pour cent). Alors que l'opposition de Poutine à l'intervention de l'OTAN en Ukraine a renforcé sa cote de popularité à 88 pour cent, il y a une large méfiance de son régime oligarchique issu de la restauration du capitalisme en URSS. Quelque 69 pour cent des Russes et 34 pour cent des Ukrainiens ont déclaré dans le sondage que la dissolution de l'URSS était mauvaise pour leur pays. 

Ces résultats font ressortir les implications politiques désastreuses de la dissolution de l'URSS en 1991, il y a presque un quart de siècle. Combinée à l'effondrement et au pillage de l'industrie soviétique, la dissolution de l'URSS a handicapé fortement la Russie sur le plan géostratégique, ouvrant de vastes zones de l'ancienne Union soviétique aux intrigues réactionnaires de l'OTAN. Surtout, l'arrivée au pouvoir d'une oligarchie criminelle a affaibli l'opposition existant dans la classe ouvrière internationale, et en particulier européenne, aux menaces impérialistes contre l'URSS. 

La préparation des puissances de l'OTAN à une guerre tous azimuts avec la Russie, qui pourrait détruire la planète, se heurte à un sentiment anti-guerre profondément enraciné en Europe, aux États-Unis et dans le monde. Le fait même que le sondage Pew ait été commandé est en soi un signe de préoccupation des cercles dirigeants au plan international quant à une opposition de masse à la guerre. 

Mais les élites dirigeantes des pays impérialistes ont montré qu'elles voulaient ignorer le sentiment populaire et continuer leur campagne contre la Russie. Le New York Times, dans son article sur le sondage, a présenté l'opposition de masse à la guerre comme un « défi » à surmonter aux plans de guerre des États-Unis et de l'OTAN. 

Il a cité l'ex-ambassadeur américain à l'OTAN, Ivo Daalder, qui a appelé à la poursuite de la propagande en faveur d'une action militaire contre la Russie, disant qu'« il va falloir un effort sérieux de l'alliance pour convaincre son public de la nécessité de se préparer à, de dissuader et, si nécessaire, de répondre à une attaque russe. » 

Le Times ajoute: « l'opinion publique n'est pas toujours décisive pour former la politique de l'OTAN » et poursuit : « ... Ronald Reagan a réussi à obtenir un soutien européen suffisant pour déployer des Pershing II et les missiles de croisière à lanceur terrestre sur le continent [européen] malgré un important mouvement de la paix. » 

La référence du Times au déploiement américain des Pershing II en Europe dans les années 1980 est particulièrement significative. Les responsables américains discutent actuellement du déploiement accéléré de missiles en Europe et de la possibilité de lancer des frappes de missiles de préemption contre des cibles à l'intérieur de la Russie.


Source trouver:
Sott

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