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mardi 5 mai 2015

Viols en Centrafrique : l'ONU « étouffe fréquemment certains crimes »

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© AFP/Sia Kambou
Des soldats français en patrouille, le 25 février 2014 à Bangui
La Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) accuse l'ONU de couvrir « fréquemment certains crimes ». Florent Geel, son responsable Afrique, fustige la suspension par les Nations unies du fonctionnaire ayant révélé les accusations de viols d'enfants par des soldats français en Centrafrique. 

La Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) n'est pas tendre avec l'ONU. « Qu'il arrive aux Nations unies d'étouffer des situations ? Oui c'est un vrai problème et c'est récurent ! » lance Florent Geel, le responsable du bureau Afrique à la FIDH. Ce jeudi, il fustige la suspension par les Nations unies d'Anders Kompass, le fonctionnaire suédois qui a révélé les accusations de viols d'enfants par des soldats français déployés en Centrafrique. 

« Il y a ce problème de faire remonter les informations, d'éviter de dénoncer certains crimes pour éviter de gêner les négociations de paix », poursuit Florent Geel, évoquant de « vrais blocages ». 

Il estime que l'ONU se tait « en particulier sur la question des crimes sexuels commis par les casques bleus ». « Lorsque cela arrive, ils mettent en place des process internes pour que ça se sache rarement ou jamais », explique-t-il. 

Au printemps 2014, les Nations unies avaient ouvert une enquête et recueilli des témoignages d'enfants centrafricains accusant d'agressions sexuelles des militaires français de l'opération Sangaris. 

« Ce fonctionnaire suédois n'est pas un téméraire » 

Anders Kompass a transmis en juillet un rapport aux autorités françaises intitulé « Abus sexuels sur des enfants par les forces armées internationales ». Il a pris cette décision au mépris des procédures en réaction à l'inaction de l'ONU. Il a été suspendu le 17 avril dernier et fait depuis l'objet d'une enquête des Nations unies. 

« Ce fonctionnaire suédois n'est pas un téméraire, il a trente ans de carrière, souligne Florent Geel. Il a dû agir ainsi parce que ça touchait la France: quand ça touche le Tchad, il n'y a jamais de suite. Là ça touche la France, où il y a une justice indépendante, ça peut permettre de faire bouger les choses. » Une enquête a été ouverte à Paris en juillet 2014 pour viols sur mineurs de moins de 15 ans. 

« Si les faits sont avérés, on condamne avec la plus grande fermeté », ajoute le responsable de l'ONG, insistant sur l'« importance de l'investigation ». Il tient enfin à mettre en garde sur la « véracité des faits ». 

« Il y a pas mal d'intérêts à entacher l'armée française » 

Dans un entretien accordé à Challenges.fr, Florent Geel rappelle le contexte centrafricain. « La présence française est contestée par différents groupes (...) comme la Seleka (ndlr : rebelles musulmans hostiles au président François Bozizé) ou les anti-balaka (milices principales chrétiennes qui luttent contre les rebelles). Le risque de manipulation des témoignages est à mon sens très faible mais il faut savoir que le site de l'aéroport de M'Poko à Bangui où ces faits auraient été commis est sous l'emprise des anti-balaka. » 

En clair, « il y a pas mal d'intérêts à entacher l'armée française », souligne-t-il auprès de l'AFP. « Il n'est donc pas totalement impossible que leurs témoignages soient quelque peu influencés ou orientés », concède-t-il. Florent Geel envisage cependant que « le gouvernement ait voulu garder le secret sur ces faits ». Il rappelle qu'une instruction est toujours en cours sur des accusions de viol par des soldats de l'opération Turquoise au Rwanda en... 1994.


Source trouver:
Sott

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