Vent debout contre les sécheresses récurrentes qui frappent les agriculteurs de son pays, le chimiste mexicain Sergio Jesús Rico a mis au point un procédé capable de solidifier l’eau sous forme de gel. Biodégradable, l’eau solide offre des résultats d’irrigation sensiblement plus probants que les méthodes traditionnelles. Le tout pour une consommation d’eau moindre. Décryptage.
De l’eau au gel
Les sécheresses se sont multipliées ces dernières années au Mexique. Conséquences pour les agriculteurs, des pertes économiques croissantes. En réponse à ces signes récurrents du réchauffement climatique, Sergio Jesús Rico a développé un procédé révolutionnaire : de l’eau solide. Comprenez de l’eau gélifiée, stockable et transportable dans des sacs classiques. Exit les pompes et camion-citernes pour l’adduction et le transport d’eau.
Le secret de la formule tient en trois mots : polyacrylate de potassium. Ce polymère super-absorbant a la capacité de stocker 500 fois son poids en eau. En versant 1,5 g de cette poudre blanche dans 1 litre d’eau, les molécules d’eau se solidifient en l’espace de 15 minutes et viennent se coller aux polymères sous forme de granulés. Résultat, un gel biodégradable dont l’efficacité est estimée à 10 ans. Et un brevet déposé à l’international sous la bannière « Silos de Agua », nom de l’entreprise éponyme fondée par le scientifique.
Efficacité prouvée
Placée sous terre, cette recette gélifiée va alors irriguer les racines des plantes et autres arbres fruitiers plusieurs mois d’affilée. Et lorsqu’une pluie viendra arroser le sol, les granulés se reformeront. L’extraordinaire efficacité de l’eau solide a été démontrée par son inventeur. Sergio Jesús Rico a mis en évidence qu’une récolte de maïs par irrigation traditionnelle équivaut à 600 kilos à l’hectare contre 10 tonnes grâce à l’eau solide. Soit 16 fois plus.
Bénéfice concret pour les agriculteurs : une réduction des frais d’irrigation. Lors de la même étude menée par le scientifique mexicain, les coûts d’irrigation ont chuté de 75%, alors que le feuillage et les fleurs ont doublé de volume. Les racines ont quant à elles augmenté de 300%.
Economies d’eau
De tels atouts ont déjà séduit les agriculteurs colombiens, équatoriens, espagnols et portugais. En Inde où l’eau solide est également utilisée, les volumes d’eau dédiés à l’irrigation de certaines cultures ont été considérablement réduits. Hier de 80 litres hebdomadaires, l’arrosage est passé grâce à l’eau solide à 50 litres par trimestre.
Cette nouvelle arme d’adaptation au changement climatique et de lutte contre la pauvreté a valu à Sergio Jesús Rico d’être nominé au Prix Mondial de l’Eau 2012 décerné par le Stockholm Water Institute.
Nicolas Blain
Plus de détails en images avec cette vidéo signée WIFU
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