Médicaments : tous utiles ?
Plusieurs dizaines de médicaments, parfois très connus, sont épinglés par la revue médicale qui dénonce au passage le lobbying des firmes pharmaceutiques. Photo L’Est Républicain
En plein scandale sanitaire autour de la Diane 35, la revue médicale Prescrirepublie sur son site la liste de plusieurs dizaines de médicaments plus dangereux qu’efficaces. Et dénonce la complaisance des autorités de santé.
Un médicament récent sur cinq disponible sur ordonnance est plus dangereux qu’utile. C’est ce qu’affirme la revue médicale indépendante Prescrire, qui vient de dresser une colossale liste noire d’une centaine de médicaments à retirer du marché sur la base de ses analyses réalisées entre 2010 et 2012. Cardiologie, dermatologie, douleur, psychiatrie, ORL, gynécologie… Il ne manque pas une spécialité dans cet inventaire très précis, qui épingle tout à la fois médicaments anciens et récents et, rappelle le livre polémique des professeurs Even et Debré Le guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux.
Des exemples ? La dompéridone (Motilium), un neuroleptique prescrit contre les reflux gastro-œsophagiens ou les nausées, et qui expose à des troubles du rythme cardiaque et des morts subites… Le Ketum en gel, plus susceptible que d’autres antalgiques de provoquer des troubles cutanés. Ou encore la trimétazidine (Vastarel), utilisée pour soulager l’angine de poitrine, mais qui peut provoquer syndromes parkinsoniens ou hallucinations. « Autant en rester aux traitements éprouvés » estiment dans ce dernier cas les auteurs de l’étude, qui pour chaque médicament épinglé préconisent un mode de traitement alternatif.
Quels risques pour quels bénéfices ?
Prendre un médicament — qui contient par définition un principe actif — n’est certes jamais un acte anodin. Mais ce que pointe du doigt Prescrireavec cette liste, c’est la disproportion entre les bénéfices escomptés d’un certain nombre de substances, et les risques engendrés. Que penser d’un médicament contre l’eczéma (Protopic) susceptible d’entraîner des cancers cutanés ou des lymphomes ? Ou d’une molécule utilisée pour le sevrage tabagique (bupropione) qui peut provoquer des troubles neuropsychiques, des malformations cardiaques congénitales et même… une dépendance ?
La revue dénonce également un certain nombre d’associations médicamenteuses, dangereuses. Elle cite par exemple le Colchimax, spécialité contre la goutte dans laquelle deux substances peuvent masquer les diarrhées. Or celles-ci sont justement les premiers signes d’une surdose potentiellement mortelle de colchicine… « Autant en rester à la colchicine seule » conclut l’équipe.
Mais au-delà de cette liste, librement consultable, c’est surtout un mode de fonctionnement que décrit Prescrire, revue qui n’a jamais caché son indépendance vis-à-vis de l’industrie pharmaceutique : « En général, une promotion massive des nouveaux médicaments leur assure une image positive aux yeux des patients. Des leaders d’opinion renommés interviennent en leur faveur dans des congrès et les médias spécialisés. Des campagnes mettent en avant le problème de santé visé par le médicament, ce qui pousse les patients concernés à le demander, etc. » analysent les auteurs de l’étude. Ils ne sont guère plus tendres avec les autorités de santé : ils estiment qu’« elles ne font pas leur travail de protection des patients ». Industriels et autorités ont indiqué « étudier la liste ».
Le document est téléchargeable sur le site de la revue (www.prescrire.org). Lien direct : bit.ly/12bWVQ7
Source: Dna.fr via les brindherbes
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