Il était une fois un très bon journaliste de Capa qui parvint à se faire recruter pour six mois comme stagiaire dans le service marketing d’une importante firme pharmaceutique française. Capa lui confia une caméra cachée. La compagnie lui donna un bureau, un portable et le code intranet dont il ferait bon usage le soir une fois rentré à la maison.
Le débutant constate vite que l’entreprise vit au rythme des lancements de ses molécules. Les commerciaux doivent justement organiser une campagne pour promouvoir un traitement contre le diabète. Tout le monde est à bloc. On donne du travail au stagiaire : “Un journal officiel va tomber. Il faut que tous les canaux différents soient utilisés. La presse, la visite médicale, l’envoi de mailings, tu fais des écrans de veille pour les médecins, des bannières web.” Le stagiaire pose des questions, on lui explique : “C’est comme si on vendait de la lessive alors que, quand même, ça reste un médicament.”
Quelques clics sur internet et la jeune recrue découvre que la molécule à promouvoir est sur la liste des 77 médicaments potentiellement dangereux que l’Afssaps (1) a publiée en janvier 2011. En l’occurrence, il y a des risques cardiaques, cutanés, hépatiques. On lui explique encore : “C’est pas une grosse casserole, tous les concurrents ont ça.” Un petit tour sur le site de la Haute Autorité de Santé et notre néophyte embedded apprend que ce médicament est classé 5 sur une échelle qui va de 1 à 5 pour le service rendu. Il comprend qu’il n’apporte rien comparé aux autres antidiabétiques. Il ne fait pas mieux mais il est six fois plus cher, c’est pourquoi le laboratoire prépare une grande campagne de promotion dans un département d’outre-mer où ils ont trouvé beaucoup de diabétiques : 10 % de la population (2).
Source et article complet: Le Nouvel Obs
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