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lundi 14 janvier 2013

Etats-unis : « Stellar wind », une tempête sur la vie privée...

Nom de code : « Stellar wind » (vent stellaire). Ce nom de code désigne le plus vaste projet d'espionnage jamais réalisé par un état. Sortie prévue à l'été 2013, aux Etats-Unis. Bien mal partis nos amis américains à en juger par le remarquable article de James Bamforddans Wired (cf. www.wired.com : « The NSA is building the country's biggest spy center - watch what you say » - 15 mars 2012).

Rongé jusqu'à l'absurde par son obsession sécuritaire, l'exécutif yankee est en train de fignoler, avec l'aval sournois du Congrès, les derniers détails de ce qui pourrait bien constituer l'une des ultimes étapes avant la mise du pays sous un régime totalitaire digne d'Orwell (lien), n'ayant plus grand chose à envier à celui de l'ex-Allemagne de l'Est ; la technologie en plus.

L'acte final se joue à Bluffdale, dans l'Utah, au c?ur du pays Mormon sous le nom de code « Vent Stellaire ». Là où commencera à fonctionner dès septembre 2013 le Utah Data Center, dernière pièce du puzzle que la NSA, véritable état dans l'état américain dépendant du Ministère de la Défense, a commencé à assembler dans le plus grand secret il y a plus de 10 ans. L'ensemble a pour but d'intercepter, stocker, puis décrypter et analyser les communications mondiales au sens large. Rien de moins.

Les communications mondiales à portée d'oreille

Un projet d'espionnage à très grande échelle qui glace le sang : télécommunication fixes et mobiles bien sûr mais pas seulement. Le contenu des emails privés quelles que soient leurs origines et leurs destinations, les recherchesGoogle des internautes et toutes sortes de « traces » personnelles telles les reçus de parking, les itinéraires de voyages et autres péages routiers, les relevés de comptes bancaires, le détail des achats de livres et de tous produits culturels pourvu qu'ils soient réglés par des moyens de paiement numériques, rien ne doit plus échapper aux Big Brothers de la NSA.

Le projet est une espèce de nouvelle mouture du sulfureux programme dit « total information awareness » conçu au cours du premier mandat de George Bush, et qui avait été mis au placard par le Congrès US encore un brin lucide en 2003, à la suite des protestations qu'il suscitait quant au risque d'invasion de la vie privée.

« Un état Totalitaire clé en main » 

William Binney, ex de la NSA. Comme l'indique à l'auteur de l'article un certain William Binney, ex crypto-mathématiciens de la NSA, devenu whistleblower et qui a joué un rôle majeur dans la conception des systèmes d'écoute, de collecte et de décryptage des télécommunications mondiales hors USA - les seules autorisées pendant longtemps par la loi des Etats Unis :
« Nous ne sommes plus qu'à ça d'un état totalitaire clef en main ».
Après 40 ans de service Binney à quitté la NSA fin 2001, peu de temps après que l'Agence ait lancé son programme d'écoutes illégales : 
« Ce faisant, ils ont violé la constitution. Mais ils n'en avaient rien à faire. Ils étaient décidés à y parvenir et prêts à crucifier quiconque se mettrait en travers de leur chemin ».
Sur le point d'être mises sur la place publique, les pratiques illégales de la NSA ont été « légalisées » à la sauvette par le « FISA amendments Act » promulgué en 2008.

2,8 trillions de transaction stockées

Le programme d'interception et de pilotage qui englobe maintenant les communications et les emails « domestiques» élaboré par la société Narus aujourd'hui membre du groupe Boeing, est contrôlé à distance depuis le siège de la NSA à Fort Meade dans le Maryland. Il gère la recherche des cibles à partir de sources américaines, leurs adresses, leurs numéros de téléphone, et la mise à jour de listes de mises sous surveillance à partir de mots et de phrases-clefs dans les emails.

Selon Binney, l'un des secrets les mieux gardés du programme « Vent Stellaire » est que la NSA est parvenue - sans mandat de justice préalable - à accéder aux données de facturation nationale et internationale de l'opérateur AT&T, permettant de déterminer qui appelle qui aux USA et dans le reste du monde. En 2007, l'opérateur détenait dans la base de données de ses locaux de Florham Park, dans le New-Jersey, plus de 2,8 trillions de transactions. Une mine d'or pour les voyeurs impénitents de la NSA.

En collaboration avec un autre chef-analyste de la NSA, Binney avait tenté de concevoir en liaison avec le Ministère de la Justice, un système de demande et de délivrance automatisées des mandats de mise sous écoute. On leur a fait comprendre assez vite que ce n'était vraiment plus une priorité.

Obama joue au réducteur.... de sphère privée

L'une des raisons principales de la construction du centre de Bluffdale tient aux travaux très avancés de la NSA en matière de décryptage. Casser le fameux « Standard de Cryptage Avancé » aujourd'hui disponible en versions 128, 192 ou 256 bits, ultime protection des données numériques stockées massivement dans l'Utah en attendant des jours meilleurs, est désormais à portée de vue des experts de la NSA.

Cray, le fabricant d'ordinateurs surpuissants a dans ses tablettes une version améliorée (XK6 nom de code Titan, capable de réaliser 20 fois, 10 puissance 15 opérations par seconde) de son fameux ordinateur Jaguar XT 5, officiellement le plus rapide au monde en 2009, qui va grandement leur faciliter la tâche.

Les données stockées à Bluffdale et les ordinateurs du « Multiprogram Research Facility » situés dans l'immeuble 5300 du Centre d'Oak Ridge dans l'Est du Tennessee (célèbre pour les travaux du Projet Manhattan à l'origine de la bombe atomique US) devraient donc mettre la NSA dès l'année prochaine,en mesure de réduire considérablement ce qui reste de la sphère privée du peuple américain. Il n'a qu'à s'en prendre qu'à lui-même d'avoir progressivement abandonné la protection que lui prodiguait le 4ème amendement de sa constitution, et cru dans un retour du pays aux vertus démocratiques sous l'administration Obama.

Vois ma vis dans l'Utah...

Le problème est que - via ses locaux de Fort Gordon à Augusta en Georgie où 4000 spécialistes de l'interception, des analystes et d'autres spécialistes ne quittent pas d'une oreille l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, relayés depuis le 11 septembre 2001 par 2000 de leurs collègues de la base aérienne Lackland à San Antonio au Texas - la NSA envahit également notre vie privée dont des pans entiers seront stockés à Bluffdate dès l'été 2013.

Près de la sortie du complexe de Oak Ridge, un panneau en forme de provocation indique : 
« ce que tu vois ici, ce que tu fais ici, ce que tu entends ici, quand tu quittes ce lieu, laisse-le ici »
. Une maxime que les Européens en général et les Français en particulier, seraient bien avisés de rappeler au prochain président américain.

Par Les Agents Sans Secret


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Le-veilleur

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