Les intempéries provoquées par Sandy ont causé des dégâts considérables à Haïti où 52 morts ont été recensés. Aujourd’hui, les autorités s’inquiètent des conséquences à long terme du passage de l’ouragan qui a détruit une grande partie des récoltes et aggravé les conditions sanitaires dans le pays.
Si tous les yeux sont actuellement tournés vers les Etats-Unis et notamment la ville de New York, il faut rappeler que la côte américaine n’est pas la seule victime de Sandy. Avant cela, l’ouragan a également sévi dans les Caraïbes où il a fait de gros dégâts notamment à Haïti. Selon le dernier bilan, le pays caribéen détient même le triste record du bilan le plus important en terme de victimes : 52 personnes y ont trouvé la mort, 15 sont toujours portées disparues et 19 ont été blessées suite aux intempéries qui ont balayé Haïti pendant trois jours.
Mais dans cette région régulièrement touchée par les phénomènes climatiques et encore traumatisée par le séisme du 12 janvier 2010, les pluies diluviennes et les vents violents ont eu des conséquences dévastatrices. Inondations, glissements de terrain et destructions de maisons ont frappé de plein fouet les habitants qui peinent déjà à se remettre des dernières catastrophes. La région la plus sévèrement touchée est le département de Port-au-Prince, à l’ouest du pays où a été recensée une vingtaine de morts, dont des familles entières ensevelies dans leurs maisons effondrées. Dans la capitale, les campements de fortune, qui abritent encore 370.000 victimes du séisme de 2010, ont été durement affectés tandis que le sud d’Haïti dénombre 18 morts.
70% des récoltes totalement détruites dans le sud
Si les dégâts sont très importants et devraient s’accroitre au fur et à mesure que les secours s’affairent, les conséquences à long terme du passage de Sandy sont encore plus préoccupantes. En effet, l’ouragan a dévasté 70% des récoltes du sud du pays et tué une grande partie du bétail. Les autorités haïtiennes et les organisations humanitaires présentes sur place s’inquiètent ainsi que les prix des biens de première nécessité n’augmentent à cause de la destruction des plantations et des cultures de subsistance. « L’économie a subi un coup sévère« , a ajouté le premier ministre.
« Tout ce que les paysans avaient – maïs, tubercules – a été dévasté. Certains avaient déjà préparé leurs champs pour les cultures d’hiver et ça a été dévasté« , a commenté pour sa part Jean Debalio Jean-Jacques, directeur du département du Sud au ministère de l’agriculture cité par le Monde.fr. Régimes de bananes, arbres à pain, cultures de café ont été totalement détruits dans les différentes régions du pays. Ce « désastre agricole » fait ainsi prédire à certains, notamment le maire de la ville d’Abricots Kechner Toussaint, une « famine dans les prochains jours« .
Face à la situation, l’Etat et les organisations humanitaires présentes sur les lieux ont donc rapidement réagi en distribuant de la nourriture, de l’eau et d’autres biens de première nécessité aux victimes de l’ouragan. Mais « les stocks sont à un niveau dangereusement bas. Après la tempête tropicale Isaac en août, ces stocks n’ont pas été reconstitués« , a averti George Ngwa, porte-parole de OCHA, qui coordonne l’aide humanitaire en Haïti. Pour renforcer l’action, un appel international a été lancé et le Venezuela y a déjà répondu en envoyant de l’eau et de la nourriture en Haïti. L’Union européenne s’est également dit prête à soutenir les efforts de reconstruction en Haïti, ainsi que dans le reste des Caraïbes touché par l’ouragan.
Une recrudescence des cas de choléra
Néanmoins, la famine n’est pas la seule menace qui plane sur le pays alors que Sandy a également aggravé les conditions sanitaires dans lesquelles vivent les habitants. Or, depuis octobre 2010, Haïti est en proie à une tenace épidémie de choléra qui a affecté plus de 600.000 personnes et fait quelque 7.400 morts. Si elle connait des atténuations, elle se renforce régulièrement et les organisations craignent que les cas se multiplient de nouveau suite au passage de l’ouragan. D’ailleurs, au cours des derniers jours, l’Organisation panaméricaine de la santé a noté une forte augmentation des cas de choléra présumés dans sept départements, dont 86 dans les camps de réfugiés de Port-au-Prince.
Une hausse d’autant plus préoccupante qu’elle reste difficile à évaluer précisément dans la mesure où plusieurs communautés demeurent isolées et uniquement accessibles par hélicoptère. Face à la situation, le président Michel Martelly et le premier ministre Laurent Lamothe viennent ainsi de décréter l’État d’urgence pour une période d’un mois sur l’ensemble du territoire haïtien.
La déclaration de l’État d’urgence a été prise dans la soirée du 30 octobre, après avoir fait consensus auprès de tous les ministres du gouvernement haïtien, selon le ministre Gardy.
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