Le 6 octobre 2008, les trois grandes banques islandaises faisaient faillite, provoquant une grave crise dans ce petit pays. Mais à présent, l’économie va beaucoup mieux grâce à une méthode inverse de celle suivie dans la zone euro.
Voici quatre ans, le 6 octobre 2008, le premier ministre islandais d’alors, Geir Haarde, provoque une onde de choc sur ce petit pays de 320.000 habitants. Trois semaines après la faillite de Lehman Brothers, il annonce que
les trois grandes banques du pays, Kaupthing, Glitnir et Landsbanki, sont désormais incapables de faire face à leurs engagements. L’île nordique entre alors dans une des crises économiques les plus sévères de son histoire.
Un pays redressé
Quatre ans plus tard, l’économie islandaise affiche de nouveau une santé des plus robustes. Le PIB, qui avait reculé de 6,6% en 2009 et de 4% en 2010, devrait croître de 2,1% cette année, bien plus que le niveau de la plupart des pays européens. Le déficit budgétaire, de 13,5% du PIB en 2008 devrait être équilibré l’an prochain. Le chômage, qui était monté à près de 8% de la population active en 2010 devrait redescendre en 2013 à près de 5%. Enfin, lprêt d’urgence du FMI, de 2,1 milliards d’euros a été remboursé en avance.
Pas de pitié pour les banques et les créanciers
Comment l’Islande a-t-elle réalisée ce «miracle»? En suivant, il faut bien le dire, le chemin inverse de celui où s’est engagée la zone euro depuis 2010. Première clé du succès islandais : Reykjavik n’a «jamais essayé de sauver ses banques», comme le remarquait récemment le ministre de l’Industrie, Steingrimur Sigfusson au quotidien allemand FAZ. Les trois géants bancaires, dont les bilans cumulés étaient 10 fois supérieurs au PIB du pays, n’ont pas été recapitalisés. Les créanciers étrangers ont été mis à contribution d’emblée. Reykjavik n’a jamais tenté de sauver leur mise, comme cela a été le cas pour les créanciers islandais. Ainsi, il n’y a pas eu, comme en Espagne, de transfert du risque bancaire vers les finances publiques.
Une dévaluation réussie
Mais la vraie raison du succès islandais, c’est la dévaluation de la couronne qui a atteint jusqu’à 70%. Certes, cette baisse de la monnaie dans une économie si dépendante de l’étranger a provoqué une inflation qui a frôlé les 18% en rythme annuel au cours de l’année 2009 (elle atteint encore 4,3%). Il a fallu ralentir la hausse des salaires en 2009 et 2010. Mais cette baisse de la monnaie nationale a permis aux «parties saines» de l’économie nationale de profiter à plein de la reprise de l’économie mondiale. Ces parties saines sont principalement la pêche et le tourisme (le nombre de touristes est en hausse de 16% sur un an en 2012). Deux éléments qui ont permis au pays de bénéficier d’un fort et constant excédent courant. Au final, cet argent réinvesti dans l’économie nationale a créé un cercle vertueux en relançant les investissements.
Mécontentement
L’histoire du redressement islandais n’est certes pas un conte de fées. La population a été traumatisée par l’apparition d’une pauvreté et d’une précarité jusqu’ici inconnues. Reykjavik a fortement augmenté ses impôts, notamment sur les entrepreneurs, comme nul autre pays d’Europe depuis 2008. Du reste, le gouvernement social-démocrate qui avait déboulonné les conservateurs en 2009 après la crise est aujourd’hui au plus bas dans les sondages. Le pays est également très divisé sur la question de l’adhésion à l’UE et l’adoption de l’euro, vantée récemment par la banque centrale. Il est vrai que cette perspective, attractive voici quatre ans, l’est beaucoup moins aujourd’hui.
Un modèle ?
L’Islande peut-elle être un modèle ? Difficilement. La taille du pays rend la transposition de cette expérience difficile. Mais elle montre que la voie européenne qui consiste à se préoccuper d’abord des intérêts des créanciers et des banques n’est pas sans alternative. De même, elle prouve qu’il peut y avoir des expériences de dévaluations réussies, alors que l’on prétend que toute sortie de l’euro provoquerait la ruine des pays concernés.
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