
© Oscar Ramos-Rodriguez, University of London
Bourdon terrestre équipé d'une micropuce RFID. Cette technologie est utilisée pour caractériser les mouvements effectués par un insecte pollinisateur entre sa ruche d'origine et le milieu extérieur. Ce système se compose de la micropuce de 3 mg collée sur l'insecte et de détecteurs placés à l'entrée de la colonie.
Bourdon terrestre équipé d'une micropuce RFID. Cette technologie est utilisée pour caractériser les mouvements effectués par un insecte pollinisateur entre sa ruche d'origine et le milieu extérieur. Ce système se compose de la micropuce de 3 mg collée sur l'insecte et de détecteurs placés à l'entrée de la colonie.
Dans la plupart des cas, seul un effet précis de l'exposition à un insecticide spécifique a été caractérisé. Difficile alors de tirer des règles générales concernant l'emploi des pesticides et la survie des insectes pollinisateurs ou de leurs colonies. L'étude récemment publiée parRichard Gill de l'University of London dans la revue Nature sort donc du lot pour trois raisons. Premièrement, le sujet expérimental n'est autre que le bourdon Bombus terrestris, une espèce plus sensible que l'abeille car ses colonies comptent moins d'individus (quelques dizaines). Deuxièmement, ce sont à la fois les arthropodes et leurs nids qui ont fait l'objet d'attention. Enfin, les insectes ont été exposés à plusieurs pesticides, séparément ou concomitamment !
Dans la nature, des cultures adjacentes ne sont pas toujours traitées de la même manière. Puisque les pollinisateurs ne limitent pas leurs explorations à une seule et même parcelle, ils peuvent être contaminés par plusieurs produits à la fois, par exemple par des néonicotinoïdes oudes pyréthrinoïdes. Sans grande surprise, les effets causés par des expositions successives à chacun de ces agents s'additionneraient, au point de poser parfois de sérieux problèmes !
Des pesticides agissant de concert
Près de 40 colonies réparties en 4 lots ont été observées durant les expériences. Les insectes préalablement munis d'une micropuce RFIDétaient libres de sortir explorer leur environnement. Cependant, selon les conditions expérimentales, ils pouvaient rencontrer sur leur passage un récipient contenant du sirop de sucrose enrichi en imidaclopride (un néonicotinoïde se retrouvant dans le pollen) à des doses observables en culture (10 parties par milliard), un papier filtre recouvert de λ-cyhalothrine (pyréthrinoïde pulvérisé sur les feuilles et les fleurs), les deux à la fois ou au contraire rien de tout cela.
Les colonies exposées soit à l'imidaclopride, soit aux deux produits ont vu leur nombre de naissances d'ouvrières chuter de respectivement 27 % et 9 %. Le contact à l'λ-cyhalothrine a quant à lui provoqué la mort de 36 à 39 % des travailleuses (43 % d'entre elles avaient moins de 4 jours). Elles ont été trouvées à l'intérieur des 20 ruches exposées à ce produit. Ce taux est 4 fois supérieur à celui du groupe témoin. Les premiers effets de la double exposition se sont fait sentir au bout d'une semaine, les autres ruches ayant été touchées 15 jours plus tard. Deux colonies parmi les 10 mises en contact avec le couple de pesticides se sont même éteintes avant la fin des expériences, soit en moins de 4 semaines.
Les bourdons récoltent moins de pollen et se perdent
Les expositions ont également eu des effets sur les comportements d'exploration, confirmant ainsi les études précédentes. Les insectes contaminés par les deux agents ont en moyenne réalisé moins de sorties. En revanche, ils ont été un plus grand nombre à s'aventurer hors du nid. Mais pourquoi ? Peut-être car les bourdons ayant consommé de l'imidaclopride ont rapporté moins de pollen que les autres, même s'ils restaient à chaque fois plus longtemps à l'extérieur. Dernier détail d'importance : le nombre de Bombus qui se sont perdus a augmenté de 50 à 55 % par rapport au groupe témoin.
Ainsi, une exposition aux néonicotinoïdes réduirait la collecte du pollen, forçant un plus grand nombre d'ouvrières à sortir et donc à délaisser les larves (qui sont par ailleurs contaminées par les aliments rapportés). Au final, les taux de mortalité cumulés observés pour chaque type d'exposition parlent d'eux-mêmes : ils sont de 41 %, 51 % et 69 % respectivement pour les lots mis en présence d'imidaclopride, d'λ-cyhalothrine ou des deux (contre 30 % dans le groupe témoin). Les colonies concernées par la double contamination ont donc été touchées plus sévèrement. CQFD !
Source:
Sott
Pour plus d'informations sur Les abeilles, regardez le film documentaire suivant online : Les abeilles et leur reine
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