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samedi 27 novembre 2010
La menace des «millions de Big Brothers»
Il est plus difficile de s'opposer à un contrôle diffus qu'à un adversaire unique.
Crédits photo : Leon Neal/AFP
La multiplication et la miniaturisation des systèmes de géolocalisation et d'identification va aboutir à une société où il ne sera plus possible de cacher aux autres où nous nous trouvons, redoute le président de la Cnil.
La Cnil a peur de la géolocalisation sur Internet et de ses effets. A l'occasion des Assises du numérique jeudi soir, lors d'une table ronde consacrée aux droits et devoirs des citoyens en ligne, le président de la Commission nationale de l'informatique et des libertés a lancé une sévère mise en garde : «Nous risquons d'entrer dans une société où il ne sera jamais plus possible de cacher aux autres où nous nous trouvons, et avec qui nous nous trouvons. Ce serait une société invivable».
C'est pourtant vers cette société que l'on se dirige, selon Alex Türk, car la géolocalisation s'immisce partout. Sur Internet, elle est désormais intégrée à Facebook, où l'on vient partager volontairement sa position avec ses amis, grâce à la puce GPS de son smartphone. La Cnil avait déjà exprimé sa méfiance contre ce service en octobre. Google n'est pas en reste. Il sait déjà suggérer des recherches en fonction de l'emplacement de l'internaute, et garde en mémoire le parcours de ses utilisateurs.
La géolocalisation s'invite aussi dans les lieux publics ou les entreprises, grâce à des dispositifs d'identification en apparence inoffensifs. Dans les stades, les caméras vidéo qui balayent les tribunes peuvent reconnaître un spectateur, identifié par son billet équipé d'une puce RFID. Elles savent donc, à son insu, où il est placé et ce qu'il fait. Ce qui vaut pour la sécurité aujourd'hui peut être étendu à la publicité. Cette semaine, des militants antipub ont barbouillé dans le métro parisien des écrans publicitaires équipés de capteurs, qui comptent les passants et leur temps d'exposition.
«Comment fera-t-on pour réguler ces choses-là ?»
A l'avenir, cette mobilisation sera plus périlleuse car les technologies seront toujours plus discrètes. «L'utilisation des nanotechnologies fera que l'on ne sera plus dans l'hypothèse d'un bon gros Big Brother, mais de millions de petits Big Brothers disséminés dans la nature de manière métastatique», prévient Alex Türk. Or, il est bien plus difficile de s'opposer à des ennemis diffus qu'à une autorité bien identifiée. «Comment fera-t-on pour réguler ces choses-là ? On ne se pose pas ce genre de questions», juge-t-il.
Pour le président de la Cnil, le combat doit se mener avec les plus jeunes, qui vivront toute leur vie plongés dans le numérique. «Il faut essayer de faire prendre conscience aux enfants de la nécessité d'acquérir des réflexes nouveaux, pour qu'ils vivent leur vie dans cette société numérique avec leur libre arbitre.» Un document a été adressé jeudi à toutes les classes de CM2 de France pour leur expliquer comment protéger leur vie privée sur Internet. «L'objectif est de leur rappeler que la vigilance s'impose dès aujourd'hui», précise la Cnil.
La régulation politique de ces nouvelles pratiques prendra «entre dix et vingt ans», estime Alex Türk. Une proposition de résolution, débattue en commission des Affaires économiques à l'Assemblée nationale, doit être adressée au gouvernement. Des démarches similaires sont en cours en Espagne et en Allemagne. «C'est le point de départ d'une longue marche, pour convaincre l'Union européenne de porter ces idées face aux Etats-Unis», espère le président de la Cnil. Et parvenir à une convention mondiale sur le respect de la vie privée, sous l'égide de l'ONU.
Lien du site http://fr.sott.net/
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