La nouvelle politique du nucléaire militaire d’Obama contient une énorme ambiguïté de la taille d’une bombe à hydrogène qui pourrait viser l’Iran, la Corée du Nord ou tout autre pays pris en flagrant délit de « prolifération » selon des critères spécifiques concoctés à Washington.
La nouvelle doctrine nucléaire US, appelée «Nuclear Posture Review », remplace celle de Bush qui prévoyait notamment d’utiliser préventivement l’arme nucléaire pour « prévenir un large éventail de menaces » dont des attaques avec des armes chimiques et ou bactériologiques et d’importantes attaques avec des armes conventionnelles si l’Amérique se sentait menacée, une utilisation étendue aux pays non possesseurs d’armes nucléaires.
Obama prétend abandonner l’éventuelle utilisation d’armes nucléaires contre des pays non nucléarisés mais conserve celle d’utiliser l’arsenal nucléaire US contre des pays militairement nucléarisés tout en affirmant que l’arsenal des Etats Unis est uniquement “dissuasif.”
Mais la doctrine Obama sur l’utilisation militaire du nucléaire comporte une énorme ambiguïté. Le changement de doctrine n’est qu’apparent comme pour tout ce qui est militaire Obama poursuit la politique de Bush.
Selon le raisonnement de l’Administration Obama, seront exempts d’une éventuelle attaque préventive les états sans armes nucléaires qui respectent « leurs obligations en matière de non prolifération ».
Ceci laisse donc la possibilité à l’administration Obama de lancer une « attaque préventive » nucléaire contre l’Iran. En effet, Obama a dit clairement que l’Iran ne respectait pas ses obligations alors que l’Iran prétend le contraire. Ce que sont réellement ces obligations on ne le sait pas vraiment car les accords de sauvegarde de l’AIEA ne sont pas rendus publics. De plus l’AIEA est de plus en plus politisée et le nouveau directeur général, Yukiya Amano, dont la nomination a été applaudie par les grandes puissances est aux vues de son premier rapport concernant le programme nucléaire pacifique de l’Iran largement sous influence américaine.
Obama a affirmé lors d’une interview qu’il se réservait une exception pour « des cas aberrants tels celui de l’Iran ou de la Corée du Nord » qui ont violé ou renoncé au principal traité pour arrêter la prolifération d’armes nucléaires.
De plus, Obama a rejeté la formulation proposée par ceux qui soutiennent le contrôle de l’utilisation des armes nucléaires avec à terme un désarmement mondial comme quoi le « seul rôle » des armes nucléaires c’est la dissuasion contre une attaque nucléaire.
Obama se targue de vouloir un monde sans arme nucléaire mais concrètement il fait en sorte de délibérément pouvoir lancer une attaque nucléaire notamment contre l’Iran.
En concentrant la dissuasion nucléaire sur le combat contre la prolifération, la vente et le transfert de technologie à des états non nucléaires, appelés pour certains des « états voyous », ou à des groupuscules dits « terroristes » Obama reprend à son compte le discours développé par Bush à la fin de son deuxième mandat. A l’époque Bush avait menacé la Corée du Nord disant qu’elle serait tenue « entièrement responsable » de tout transfert d’armes ou de technologie.
Obama a affirmé se réserver le droit de lancer une attaque « préventive » contre tout pays décrété coupable de ce type d’activité par les US, ce pays devenant ainsi vulnérable à une frappe nucléaire ajoutant « nous prenons cela très au sérieux car nous pensons que ce type de menaces présente les défis les plus sérieux pour la sécurité des Etats Unis ».
Le sommet sur la non prolifération nucléaire qui va s’ouvrir la semaine prochaine à Washington réunira environ une cinquantaine de dirigeants mondiaux, le plus large rassemblement jamais organisé par un président des Etats Unis depuis la seconde guerre mondiale.
Obama s’est fixé un objectif précis pour ce sommet :
« Nous anticipons un communiqué décrivant précisément comme nous allons faire pour verrouiller tous les matériaux nucléaires les quatre prochaines années ».
En d’autres termes, prenant le prétexte de lutter contre la prolifération les Etats Unis d’Obama veulent s’octroyer le pouvoir de dicter au monde entier en passant par-dessus l’AIEA, le TNP dont cette organisation internationale est garante, qui pourra ou non disposer de programmes nucléaires en verrouillant l’approvisionnement en combustible nucléaire en matériel et transfert de technologie.
Ainsi tout pays qui aurait l’intention de fournir du LEU à l’Iran pour son réacteur de recherche de Téhéran pour fabriquer des isotopes à des fins médicales par exemple se verrait menacer d’une éventuelle attaque nucléaire selon le raisonnement d’Obama puisqu’Obama considèrant que l’Iran ne respecte pas ses engagements vis-à-vis de l’AIEA on se trouve dans un cas de « prolifération » à l’américaine.
La menace la plus grave actuellement pour la paix mondiale c’est donc que l’Amérique d’Obama se réserve le droit d’attaquer à l’arme nucléaire tout pays déclaré coupable par les US de «prolifération» nucléaire y compris à des fins pacifiques et ou médicales.
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