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vendredi 10 mai 2013

Madagascar: une invasion de criquets met les paysans à genoux


Une invasion de criquets à Madagascar, d'une gravité extrême avec une centaine d'essaims à l'oeuvre, dévore depuis plusieurs semaines toutes les cultures du sud-ouest de l'île menaçant les maigres moyens de subsistance d'une population déjà très vulnérable.

En février, le cyclone Haruna a créé les conditions d'humidité favorables à la prolifération de ces insectes migrateurs et faute d'avoir enrayé la crise à temps,leur population atteint 500 milliards, selon une récente mission de comptage à laquelle a assisté l'AFP.

"En une journée, on a compté cinq essaims sur un trajet de 20 kilomètres, donc c'est vraiment extrêmement grave, c'est toute la population malgache maintenant qui est concernée", explique Tsitohaina Andriamaroahina, directeur de la Protection des Végétaux au ministère malgache de l'Agriculture, et chef de la mission associant l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).


Le gouvernement avait déclaré l'état d'alerte dès novembre, qualifiant l'invasion de "calamité publique". Mais la majeure partie du budget du centre national anti-acridien part en salaires tandis que les fonds internationaux se font attendre.

"Je ne peux que me mettre à genoux devant le fait, ça me fait mal au coeur", se désole M. Andriamaroahina, totalement impuissant. En un jour, jusqu'à 100.000 tonnes de végétation verte peuvent disparaître: riz, pâtures, maïs, canne à sucre, les criquets avalent tout, privant de leurs récoltes une population vivant déjà à 70% sous le seuil de pauvreté.
A Sakaraha, à environ 130 km de Tulear, le spectacle est dantesque. Un gigantesque nuage noir surgit à l'horizon. Des millions de criquets formant un essaim de 15 km de long, filent au ras du sol à 20 km à l'heure, en silence entre les voitures et les passants. Des automobilistes, ahuris, s'arrêtent pour photographier la scène.

La scène se reproduit non loin dans le village d'Andiorano où un essaim s'abat sur des plantations de cannes à sucre sous les cris affolés des enfants. "Après le passage des criquets il n'y a plus rien à manger pour les femmes et les enfants, les bêtes n'ont plus rien à manger non plus, on souffre beaucoup", raconte Zefa Vilimana, propriétaire d'un champ de cannes à sucre, dont les longues feuilles vertes ont été grignotées de toutes parts.

A cause des criquets, ces cannes à sucres ne seront pas sucrées, donc plus difficiles à vendre.

Plus au sud, à Ranohira, un autre cultivateur, Joseph Rakoto, a perdu la moitié de ses récoltes de riz depuis le passage des essaims. "On achète nous-mêmes des pesticides contre les parasites des rizières mais ce n'est pas efficace contre les criquets. Les autorités ne nous donnent rien (...) je cherche d'autres boulots pour me nourrir maintenant", se plaint-il.

La FAO, dont les experts étaient sur place fin avril, estime que plus de la moitié des 22 millions de Malgaches sont désormais menacés dans leur sécurité alimentaire et nutritionnelle et compare la situation à celle de 1997, date de la dernière grande invasion acridienne qui avait coûté 60 millions de dollars.

Les autorités de Madagascar, aux mains d'un gouvernement de transition depuis le renversement de l'ancien président Marc Ravalomanana en 2009, ont tenté d'apporter une réponse en 2010-2012 alors que la situation était encore au stade de "résurgence", moins grave que l'invasion, mais les financements ont manqué.

Un nouveau plan vient d'être élaboré par la FAO pour 2013-2016 avec le ministère de l'Agriculture. Il est trop tard pour faire de la prévention, mais les larves et les essaims peuvent être traités par des pesticides.

Ce plan a cependant besoin de 17 millions d'euros d'ici juin et de 31,5 millions d'euros en tout pour pouvoir démarrer en septembre le traitement par voie aérienne des millions d'hectares touchés.

"Le gros problème qu'on a ici, c'est le manque d'argent. On ne peut pas acheter de pesticide, on ne peut pas acheter de carburant. Les agents sur le terrain, les chefs de poste ne peuvent pas effectuer leur travail, du coup nous ne travaillons pas, les agriculteurs souffrent et les criquets se multiplient", constate en attendant M. Rakotovao Hasibelo, responsable de la lutte terrestre anti-acridienne à Sakaraha.


Source trouver:
Naturealerte

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