L'information n'est pas nouvelle, elle date de juillet/août, mais c'est ma femme qui m'a alerté, car elle l'a vue hier. Je peux vous dire qu'en tant qu'aquariophile, la situation est plutôt critique. Certes, ce n'est actuellement pas la saison, car c'est l'hiver pour eux, mais depuis 3 mois impossible de mettre la main sur une pièce de choix, voire un simple caulastréa. Les coraux sont de plus en plus durs à trouver pour les amateurs, et ce n'est pas qu'une sensation. Alors, s'ils détruisent la barrière de corail en Australie qui est unique sur Terre, et elle est sous LEUR responsabilité, je crois qu'il faut les responsabiliser et leur faire passer le goût de telles plaisanteries. Cela ne leur appartient pas, et c'est la propriété de l'humanité des générations futures. Lancez des pétitions, pesez de tout votre poids, les coraux ne sont pas des objets décoratifs, ce sont des animaux vivants à part entière comme votre chat ou votre chien...
Vue de la barrière de corail, en Australie. | © Film "HOME"
Dès l'arrivée, on se rend compte que Gladstone a peu en commun avec les autres villes du Queensland proches de la grande barrière de corail, dans le nord-est australien. Dans les rues, les travailleurs en tenues à bandes fluorescentes remplacent les touristes, et on ne trouve presque aucune agence de voyage proposant d'explorer le plus grand récif corallien au monde, à quelque 80 kilomètres au large.
Avec ses immenses chantiers, ses usines et ses terminaux d'exportation de charbon, le port est loin de l'image de carte postale d'un paradis tropical. Depuis des mois, partisans du développement industriel et environnementalistes s'y livrent une bataille féroce, sur fond d'études scientifiques divergentes et de "big money".
Comme l'indiquent les nombreuses enseignes de groupes miniers qui donnent sur la rue principale de cette ville de 30.000 habitants, Gladstone, idéalement située pour exporter vers l'Asie les ressources naturelles de la région, est au cœur des convoitises. Venant s'ajouter aux industries présentes depuis des années, d'innombrables projets sont en cours, représentant des dizaines de milliards de dollars d'investissements. Bientôt, le port sera doté d'un nouveau terminal d'exportation du charbon. Surtout, il accueillera une usine de liquéfaction de gaz naturel.
SALAIRES ÉLEVÉS
Si la fortune nouvelle de Gladstone fait le bonheur d'une partie de la population, qui profite des salaires élevés du secteur minier, la perspective de voir de plus en plus d'immenses tankers circuler dans le port effraie les écologistes. Car au-delà du port s'ouvre une aire classée au Patrimoine mondial de l'Unesco, avec, outre ses coraux, une faune comprenant dugongs, dauphins et tortues.
"Nous sommes situés au sud du récif, à la frontière entre les zones tropicale et tempérée, ce qui donne un mélange unique d'espèces", explique Scott Wilson, chercheur en écologie marine à l'université de Gladstone. Il y a quelques mois, les écologistes ont fait part de leurs craintes à une mission de l'Unesco. Dans un rapport rendu public en juin, les Nations unies ont estimé qu'"en l'absence de progrès notables", la commission du patrimoine pourrait, d'ici à février 2013, inscrire la grande barrière sur la liste des sites en danger. Parmi les motifs d'inquiétudes cités, l'industrialisation de Gladstone.
L'île de Curtis, face au port, est l'un des principaux points de contentieux. Sauvage et très peu peuplée, elle a été choisie pouraccueillir l'usine de gaz naturel liquéfié (GNL). "Regardez, là-bas, tous ces travaux en cours ! Bientôt il y aura 5000 travailleurs non-stop sur le chantier. Avant, c'était vierge. C'est une zone riche en herbes sous-marines, essentielles pour l'alimentation des dugongs", s'indigne Jan Arens, de la société de conservation de Gladstone.
Localisation de la mine, au nord-est de l'Australie. | Le Monde
Des poissons malades. Les livraisons de GNL doivent débuter en 2015. Pour permettre le passage des navires, l'agrandissement du port est en cours. Depuis que les opérations ont commencé en 2011, près de 6 millions de mètres cubes de terre ont été dragués. Or, en septembre 2011, la pêche commerciale a dû être interdite durant quelques semaines : les poissons présentaient des ouïes rouges, des ulcères avec des tâches sur les écailles et des parasites. Depuis, dans les entrepôts désormais presque vides de son usine de poissons, Ted Whittingham mène la fronde contre la société des ports.
ÉTUDES RÉALISÉES SUR TROIS JOURS
"Presque tous les pêcheurs commerciaux ont dû se recycler dans un autre métier : on n'est toujours pas certains que les poissons soient bons pour la consommation humaine. Les travaux massifs dans le port sont la cause de leurs maladies", accuse-t-il. Avec d'autres pêcheurs, il réclame des compensations à la corporation des ports.
"Il n'y a pas de lien entre le chantier et les maladies des poissons. Elles sont la conséquence de fortes inondations en 2011", défend pour sa part Leo Zussino, le président de la corporation. Il s'appuie sur une étude réalisée fin 2011 par le Csiro, l'organisme national de recherche, selon laquelle les opérations de dragage n'ont pas entraîné de niveaux plus élevés de métaux dans l'eau du port. "Cette étude a été réalisée sur trois jours. Il aurait fallu des études sur le long terme, avec des moyens importants", s'irrite Jon Brodie, chercheur à l'université James Cook et spécialiste de la grande barrière de corail.
Il préfère renvoyer à une autre étude, menée sous sa direction : des images satellite montrent un phénomène de sédimentation s'étendant à plus de 30 kilomètres au large de Gladstone, qui laisse penser que les travaux en cours pourraientavoir un impact diffus dans la région.
"Si Gladstone est l'exemple de ce qui va être fait en termes de développement industriel ailleurs sur la côte, on peut être très inquiet pour l'avenir de la grande barrière", dit le chercheur. "Le problème n'est pas tant un projet en particulier que leur multiplication, avec leurs effets sur le long terme. On n'a pas assez surveillé l'impact cumulatif des industries dans le passé", estime pour sa part Scott Wilson.
Pour l'heure, les grues s'activent partout dans la ville, et les hôteliers se frottent les mains en attendant les foules de travailleurs qui ne cessent d'arriver. Sur ses jolies brochures, la corporation des ports rêve déjà de faire de Gladstone "la ville industrielle australienne du XXIe siècle".
Morgane Le Moël (Gladstone, Australie, envoyée spéciale)
Source trouver:
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire