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mercredi 25 juillet 2012

Qui se bat en Syrie ?


epuis 18 mois, la Syrie est en proie à des troubles qui n’ont cessé d’augmenter jusqu’à devenir un vaste conflit armé ayant déjà causé la mort d’environ 20 000 personnes. S’il y a consensus sur ce constat, les narrations et les interprétations divergent au-delà.



Logo Armée Syrienne Libre (ASL)
Logo Armée Syrienne Libre (ASL)


Pour les États occidentaux et leur presse, les Syriens aspireraient à vivre à l’occidentale dans des démocraties de marché. Suivant les modèles tunisien, égyptien et libyen du « printemps arabe », ils se sesraient soulevés pour renverser leur dictateur Bachar el-Assad. Celui-ci aurait réprimé les manifestations dans le sang. Alors que les Occidentaux auraient souhaité intervenir pour faire cesser le massacre, les Russes et les Chinois, par intérêt ou par mépris de la vie humaine, s’y seraient opposés.

Au contraire, pour tous les États qui ne sont pas vassalisés par les USA et pour leur presse, les États-Unis auraient lancé une opération contre la Syrie qu’ils planifiaient de longue date. D’abord par le truchement de leurs alliés régionaux, puis directement, ils auraient infiltré des bandes armées qui ont déstabilisé le pays, sur le modèle des Contras du Nicaragua. Cependant ceux-ci n’auraient trouvé qu’un très faible soutien intérieur et auraient été mis en déroute pendant que la Russie et la Chine aurait empêché l’OTAN d’anéantir l’armée syrienne et de renverser ainsi l’équation régionale.


Qui dit vrai ? Qui se trompe ?
Les groupes armés en Syrie ne défendent pas la démocratie,
ils la combattent


En premier lieu, l’interprétation des événements syriens comme un épisode du « printemps arabe » est une illusion car ce « printemps » n’a pas de réalité. C’est un slogan publicitaire pour présenter positivement des faits hétéroclites. S’il y a bien eu une révolte populaire en Tunisie, au Yémen et au Bahrein, il n’y en a pas eue, ni en Égypte, ni en Libye. En Égypte, les manifestations de rue se sont limitées à la capitale et à une certaine bourgeoisie, jamais, absolument jamais, le peuple égyptien ne s’est senti concerné par le spectacle télégénique de la place Tahrir [1]. En Libye, il n’y a pas eu de révolte politique, mais un mouvement séparatiste de la Cyrénaïque contre le pouvoir de Tripoli, puis l’intervention militaire de l’OTAN qui a coûté la vie à environ 160 000 personnes.

La station libanaise NourTV a connu un vif succès en diffusant une série d’émissions d’Hassan Hamade et Georges Rahme intitulée « Le printemps arabe, de Lawrence d’Arabie à Bernard-Henri Lévy ». Les auteurs y développent l’idée que le « printemps arabe » est un remake de la « révolte arabe » de 1916-1918 orchestrée par les Britannique contre les Ottomans. Cette fois, les occidentaux ont manipulé les situations pour renverser une génération de leaders et imposer les Frères musulmans. De fait, le « printemps arabe » relève de la publicité mensongère. Désormais, le Maroc, la Tunisie, la Libye, l’Égypte, et Gaza sont gouvernés par une confrérie qui d’un côté impose un ordre moral, et de l’autre soutient le sionisme et la capitalisme pseudo-libéral, c’est-à-dire les intérêts d’Israël et des Anglo-Saxons. L’illusion s’est dissipée. Certains auteurs, comme le Syrien Said Hilal Alcharifi raillent désormais le « printemps otanien ».

Deuxièmement, les dirigeants du Conseil national syrien (CNS) comme les commandants de l’Armée syrienne libre (ASL) ne sont aucunement des démocrates, au sens qu’ils seraient favorables à « un gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple », suivant la formule d’Abraham Lincoln reprise dans la Constitution française.
Ainsi, le premier président du CNS fut l’universitaire parisien Burhan Ghalioun. Il n’était aucunement « un opposant syrien persécuté par le régime » puisqu’il venait et circulait librement dans son pays. Il n’était pas non plus un « intellectuel laïque » comme il le prétend, puisqu’il était le conseiller politique de l’Algérien Abbassi Madani, président du Front islamique du salut (FIS), aujourd’hui réfugié au Qatar.
Son successeur, Abdel Basset Syda [2], n’est entré en politique qu’au cours des derniers mois, et s’est immédiatement affirmé comme un simple exécutant des volontés états-uniennes. Dès son élection à la tête du CNS, il s’est engagé non pas à défendre la volonté de son peuple, mais à appliquer la « feuille de route » que Washington a rédigé pour la Syrie : The Day after.
Les combattants de l’Armée syrienne libre ne sont pas plus des militants de la démocratie. Ils reconnaissent l’autorité spirituelle du cheikh Adnan al-Arour, un prêcheur takfiriste, qui appelle à renverser et à tuer Bachar el-Assad non pour des motifs politiques, mais uniquement parce qu’il est de confession alaouite, c’est-à-dire hérétique à ses yeux. Tous les officiers identifiés de l’ASL sont sunnites et toutes les brigades de l’ASL portent des noms de figures historiques sunnites. Les « tribunaux révolutionnaires » de l’ASL condamnent à mort leurs opposants politiques (et pas seulement les partisans de Bachar el-Assad) et les mécréants qu’ils égorgent en public. Le programme de l’ASL est de mettre fin au régime laïque installé par le Baas, le PSNS et les communistes au profit d’un régime confessionnel sunnite pur.


Le conflit syrien a été prémédité par les Occidentaux


La volonté occidentale d’en finir avec la Syrie est connue et elle suffit largement à expliquer les événements actuels. Rappelons ici quelques faits qui ne laissent aucun doute sur la préméditation des événements [3].

La décision de faire la guerre à la Syrie a été prise par le président George W. Bush lors d’une réunion à Camp David, le 15 septembre 2001, juste après les attentats spectaculaires de New York et Washington. Il était prévu d’intervenir simultanément en Libye pour montrer la capacité d’action sur un double théâtre d’opération. Cette décision a été attestée par le témoignage du général Wesley Clark, ex-commandeur suprême de l’OTAN, qui y était opposé.

Dans la foulée de la chute de Bagdad, en 2003, le Congrès a adopté deux lois donnant instruction au président des États-Unis de préparer une guerre contre la Libye et une autre contre la Syrie (le Syria Accountability Act).

En 2004, Washington a accusé la Syrie de cacher sur son sol les armes de destruction massive que l’on ne parvenait pas à trouver en Irak. Cette accusation a fait long feu lorsqu’il a été admis que ces armes n’avaient jamais existé et n’étaient qu’un prétexte pour envahir l’Irak.

En 2005, après l’assassinat de Rafik Hariri, Washington a tenté d’entrer en guerre contre la Syrie, mais n’y est par parvenu car elle a retiré son armée du Liban. Les États-Unis ont alors suscité des faux témoignages pour accuser le président el-Assad d’avoir commandité l’attentat et ils ont créé un tribunal international d’exception pour le juger. Mais ils ont en définitive été contraints de retirer leurs fausses accusations après que leurs manipulations aient été mises à jour.

En 2006, les États-Unis ont commencé à préparer la « révolution syrienne » en créant le Syria Democracy Program. Il s’agissait de créer et de financer des groupes d’opposition pro-occidentale (comme le Mouvement pour la Justice et le Développement). Au financement officiel du département d’État s’est ajouté un financement secret de la CIA via une association californienne, le Democracy Council.

Toujours en 2006, les États-Unis ont sous-traité à Israël une guerre contre le Liban, dans l’espoir d’y impliquer la Syrie et de pouvoir intervenir. Mais la rapide victoire du Hezbollah a fait échouer ce plan.

En 2007, Israël a attaqué la Syrie, bombardant une installation militaire (Opération Orchard). Mais là encore, Damas a gardé son sang-froid et ne s’est pas laissé entraîné dans la guerre. Des vérifications ultérieures de l’Agence internationale de l’énergie atomique ont montré qu’il ne s’agissait pas d’un site nucléaire, contrairement à ce qui avait été affirmé par les Israéliens.

En 2008, lors de la réunion que l’OTAN organise annuellement sous le titre Groupe de Bilderberg, la directrice de l’Arab Reform Initiative, Bassma Kodmani, et le directeur de la Stiftung Wissenschaft und Politik, Volker Perthes, exposèrent brièvement au Gotha américano-européen les avantages économiques, politiques et militaires d’une possible intervention de l’Alliance en Syrie.

En 2009, la CIA a mis en place des outils de propagande à destination de la Syrie comme la chaîne BaradaTV, basée à Londres, et OrientTV basée à Dubai.

À ces éléments historiques, ajoutons qu’une réunion s’est tenue au Caire, la seconde semaine de février 2011, autour de John McCain, Joe Lieberman et Bernard-Henry Lévy, des personnalités libyennes comme Mahmoud Jibril (alors numéro 2 du gouvernement de la Jamahiriya) et des personnalités syriennes comme Malik al-Abdeh et Ammar Qurabi. C’est cette réunion qui donna le signal des opérations secrètes qui débutèrent à la fois en Libye et en Syrie (le 15 février à Benghazi et le 17 à Damas).

En janvier 2012, les départements US d’État et de la Défense constituèrent le groupe de travail The Day After. Supporting a democratic transition in Syria qui rédigea à la fois une nouvelle constitution pour la Syrie et un programme de gouvernement [4].

En mai 2012, l’OTAN et le CCG mirentt en place le Working Group on Economic Recovery and Development of the Friends of the Syrian People, sous co-présidence allemande et émiratie. L’économiste syro-britannique Ossam el-Kadi y élabora un partage des richesses syriennes entre les États membres de la coalition, à appliquer le « jour d’après » (c’est-à-dire après le renversement du régime par l’OTAN et le CCG) [5].
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