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jeudi 22 septembre 2011

Des parlementaires français encouragent, eux aussi, un nouveau bain de sang en Palestine


Une centaine de députés et sénateurs français, UMP et socialistes confondus, apportent leur soutien aux préparatifs de répression sanglante du peuple palestinien ouvertement annoncés par les dirigeants israéliens.


La liste de ces tristes individus comprend, côté UMP, l'ancien du mouvement néo-nazi Occident Claude Goasguen, et le lobbyiste vulgaire Eric Raoult ; côté PS, on trouve, notamment, des copains de DSK, dont le député de Paris Jean-Marie Le Guen, et celui de Sarcelles François Pupponi

(la liste des 110 signataires du texte commandé par Netanyahu et Lieberman se trouve à la fin de notre article).

C'est à la fin de cette semaine que l'Autorité Palestinienne, sauf capitulation de dernière minute, doit en principe présenter aux Nations-Unies (son Assemblée Générale, son Conseil de Sécurité, voire chacun de ces deux organes) une demande de reconnaissance d'un Etat de Palestine, sur une petite partie (22 %) du territoire historique de ce pays (les autres 78 % restant acquis à Israël).

Après avoir joué de manière déraisonnable le jeu truqué du « processus de paix » et obéi à toutes les injonctions d'Israël et des grandes puissances (Etats-Unis en tête), Mahmoud Abbas et les dirigeants de l'Autorité Palestinienne ont en effet été obligés de constater, qu'en-dehors de quelques avantages matériels pour eux-mêmes et leurs familles, ils n'avaient strictement rien obtenu pour leur peuple : Netanyahu se moque ouvertement d'eux, et continue de plus belle la colonisation.

Aussi ont-ils pris l'initiative de demander aux Nations-Unies, la seule institution mondiale ayant la légitimité pour le faire avec ses 194 membres, de reconnaître le droit du peuple palestinien à l'auto-détermination, et à l'indépendance.

Personne, pas même eux, ne se fait d'illusions sur la capacité d'un tel vote de reconnaissance à changer la réalité sur le terrain, dès lors qu'il ne s'accompagne pas de mesures contraignantes pour la partie occupante, Israël. C'est pourtant un pavé dans la mare, qui remet la question de la Palestine à l'ordre du jour, au grand dam de ceux qui voudraient faire croire que "Palestine" est un "gros mot".

Israël, qui bafoue depuis des décennies des dizaines de résolutions des Nations-Unies, joue la grande scène du "cachez ce mot que je ne saurai voir" : "reconnaissance", lui étant exclusivement réservé.

Sur place, le gouvernement israélien et ses milices de colons multiplient depuis maintenant des semaines des annonces fracassantes sur leur intention de frapper plus fort encore les Palestiniens au lendemain du(des) vote(s) aux Nations-Unies.

Sur la scène internationale, Israël bénéficie du soutien ouvert de l'hyperpuissance états-unienne : Obama a promis d'opposer son veto au Conseil de Sécurité des Nations-Unies, et les parlementaires américains ont déjà prévu de couper tout financement si la reconnaissance de l'Etat palestinien est votée.

Mais comme Sarkozy n'a pas encore clairement dit qu'il ferait exactement comme Washington et Tel-Aviv sur ce point précis, le lobby parlementaire d'Israël en France vient à la rescousse (pour le reste, Sarko, Juppé et Guéant restent obéissants : des miliciens français de la « Ligue de Défense Juive » peuvent ainsi annoncer en toute impunité leur arrivée en renfort et en armes, ces jours-ci, en Cisjordanie occupée, sans entraîner la moindre réaction de nos autorités).

D'où cette lettre de Goasguen et les autres au Président de la République, le sommant de faire là où ils lui disent de faire au rendez-vous onusien.

Les lecteurs qui en auront la patience pourront prendre connaissance du texte que nous publions dans son intégralité au bas de cet article.

Nous nous sommes pour notre part arrêtés au titre de leur missive, qui ose s'en prendre au caractère « unilatéral » de la démarche palestinienne.

Pourtant, il est clair d'emblée que l'Autorité Palestinienne s'adresse aux 194 membres des Nations-Unies, et s'en remet par avance à leur vote, lequel exige, pour que la résolution soit valide, l'approbation non pas de la simple majorité des membres, mais des deux tiers (128 pays) de l'Assemblée.

C'est « unilatéral » ? Oui, hurlent Netanyahu et Lieberman ! Oui-Oui, enchérissent Raoult, Debré et Pupponi.

Voici maintenant la lettre, ainsi que la liste des 109 députés et sénateurs signataires de cet encouragement au massacre des Palestiniens, pour le cas où certains de nos lecteurs auraient eu des illusions sur tel ou tel d'entre eux.

110 parlementaires français : "nous nous opposons à la reconnaissance unilatérale palestinienne"

Initié par les présidents des groupes d'amitié France-Israël à l'Assemblée nationale et au Sénat, Claude Goasguen (UMP) et Jean-Pierre Plancade (RDSE), le texte réunit des élus de droite, du centre et de gauche.

Monsieur le Président de la République,

Nous, parlementaires français issus de la majorité présidentielle et des rangs de l'opposition, réaffirmons notre engagement en faveur d'une résolution pacifique et négociée du conflit israélo-palestinien reposant sur le principe de deux Etats pour deux peuples.

Nous sommes convaincus que seule la voie du dialogue peut garantir l'établissement d'une paix juste et durable. Aussi, nous appelons Israéliens et Palestiniens à reprendre sans plus tarder le chemin des pourparlers et les exhortons à s'abstenir de toute démarche unilatérale. C'est la raison pour laquelle, nous nous opposons à la stratégie de contournement des négociations visant à imposer la reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien lors de la session de septembre de l'Assemblée générale des Nations Unies.

Certes, le chemin qui mène à la paix est parsemé d'obstacles et le blocage actuel des pourparlers pourrait conduire un certain nombre d'entre nous à estimer qu'une telle démarche est frappée au coin du bon sens.

Elle est en réalité dangereuse, contreproductive et illusoire. Dangereuse, car loin de résoudre le conflit, elle ne fera que le perpétuer et l'exacerber en suscitant des attentes au sein de la population palestinienne que la réalité du terrain ne saurait combler. La frustration générée par ces attentes déçues pourrait alors rapidement déboucher sur un nouveau cycle de violences. Cette démarche est également contreproductive et illusoire, car aucune « solution miracle » ne soustraira les parties à la laborieuse mais nécessaire négociation des dossiers relatifs au statut permanent (Jérusalem, les frontières, la sécurité, les implantations, les réfugiés, l'eau) sans laquelle aucune paix n'est envisageable.

Il n'y a en effet pas d'alternative aux négociations qui implique de part et d'autre des concessions douloureuses. Comme l'a rappelé le Président américain Barack Obama lors de son allocution du 19 mai 2011 devant le Département d'Etat, une paix durable et équitable n'est possible qu'au moyen d'une approche reposant sur une démarche de type bilatérale. "Les actes symboliques destinés à isoler Israël aux Nations unies en septembre ne créeront pas un Etat indépendant", a-t-il ajouté.

Cette position a été récemment réaffirmée par le Président du Parlement européen, Jerzy Busek, qui a estimé pour sa part lors d'une conférence de presse le 15 juin 2011 à Ramallah, que la reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien serait « ... inutile et dangereuse ».

De même, au sein de l'Autorité palestinienne, cette stratégie de contournement des négociations est loin de faire l'unanimité. Le Premier ministre palestinien Salam Fayyad a publiquement fait part de ses doutes quant au bien fondé d'une telle démarche. Elle ne fera, selon lui, pas avancer la cause palestinienne et risquerait au contraire d'éloigner son peuple de la réalisation de sa légitime aspiration.

En outre, cette manœuvre politique sape les fondements juridiques sur lesquels repose le processus de paix et viole les accords conclus entre Israël et l'Autorité palestinienne, accords dont la France et avec elle, l'ensemble de la communauté internationale, se sont portées garantes. En effet, les résolutions 242 (1967) et 338 (1973) du Conseil de Sécurité de l'ONU, les accords d'Oslo (1993) et la Feuille de route adoptée par le Quartet (Nations-Unies, Etats-Unis, Russie, Union Européenne), rejettent toute démarche unilatérale et invitent les parties à négocier ensemble une résolution du conflit reposant sur le principe de « deux Etats pour deux peuples vivant côte à côte dans la paix et la sécurité ». Ce principe à été rappelé à de maintes reprises, notamment en Février 2011 par le Quartet qui « ...réaffirme qu'une action unilatérale de l'une ou de l'autre des parties en présence ne peut anticiper sur les négociations à venir et ne serait pas reconnue par la communauté internationale. »

Par ailleurs, la reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien conduira les parties dans une impasse et condamnera le processus de paix à une mort certaine. Elle limitera inévitablement les marges de manœuvre de la direction palestinienne et sa capacité à faire des compromis. Toute concession sera à l'avenir interprétée et vécue par la population palestinienne comme un renoncement et un recul inacceptable.

De même, elle enterrera définitivement les espoirs des partisans Israéliens et Palestiniens de la paix qui n'ont cessé d'œuvrer en faveur d'une solution négociée depuis l'inauguration du processus de paix à Madrid en 1991. Elle les marginalisera au profit des extrémistes qui refusent toute concession et n'hésitent pas à recourir à la violence.

Enfin, cette démarche unilatérale mettra en péril la coopération israélo-palestinienne dans les domaines de l'économie et de la sécurité qui a permis une croissance sans précédent en Cisjordanie et l'instauration d'un calme relatif dans les Territoires placés sous le contrôle de l'Autorité palestinienne. Elle conduira les parties à durcir leurs positions et risquerait de précipiter un nouvel affrontement à l'heure où les incertitudes planent sur l'avenir d'une région instable qui connaît de profonds bouleversements. Nous savons toute l'attention que votre gouvernement porte au processus de paix au Proche-Orient et partageons avec vous le souhait que la France et ses partenaires européens jouent un rôle plus actif dans les pourparlers israélo-palestiniens.

C'est pourquoi nous vous demandons solennellement, Monsieur le Président de la République, de réaffirmer l'engagement de la France en faveur d'une solution négociée au conflit en vous opposant à la résolution visant à imposer de manière unilatérale la reconnaissance d'un Etat palestinien. Seul un retour à la table des négociations et des concessions réciproques reposant sur le principe d'une reconnaissance mutuelle garantira l'établissement d'une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens. Nous vous prions de croire, Monsieur le Président de la République, en l'assurance de notre plus haute considération.

Signataires :
1. Claude Goasguen, Union pour un Mouvement Populaire, Député, ancien ministre
2. Jean-Pierre Plancade, Rassemblement Démocratique et Social Européen, sénateur
3. Jean-Michel Baylet, Président du Parti Radical de gauche, sénateur, ancien ministre
4. Patrick Beaudoin, Union pour un Mouvement Populaire, Député-maire
5. Herve Mariton, Union pour un Mouvement Populaire, Député-maire, ancien ministre

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